Le mois de décembre fut marqué par un chaos politique rare dans le pays, de l’éphémère loi martiale instaurée par le président Yoon Suk Yeol, au mandat d’arrêt délivré aujourd’hui contre lui, en passant par la pire catastrophe aérienne de Corée du Sud

Aujourd’hui, la justice a émis émet un mandat d’arrêt contre le président déchu Yoon Suk Yeol, qui a ignoré à trois reprises des convocations pour être interrogé sur son coup de force. Une décision qui clôture le mois de décembre (et de l’année) dans un chaos rare. Retour sur les moments clés des 31 derniers jours.

3 décembre – Une éphémère loi martiale

Le 3 décembre à 22H23 (14H23 heure suisse), le président Yoon apparaît à la télévision pour une allocution inattendue et déclare la loi martiale, sur fond de blocage du budget au Parlement dominé par l’opposition.

Des employés de l'assemblée nationale pulvérisent un extincteur en direction de soldats à l'assemblée nationale à Séoul, le 4 décembre 2024. — © keystone-sda.ch
Des employés de l'assemblée nationale pulvérisent un extincteur en direction de soldats à l'assemblée nationale à Séoul, le 4 décembre 2024. — © keystone-sda.ch

L’impopulaire dirigeant de 63 ans affirme vouloir protéger le pays des «forces communistes nord-coréennes» et «éliminer les éléments hostiles à l’Etat». Les activités politiques sont interdites, des hélicoptères atterrissent sur le toit du parlement, placé sous scellés.

Deux heures plus tard, quelque 190 députés parviennent à entrer dans l’assemblée, après en avoir été brièvement empêchés par des soldats. A l’extérieur, des milliers de personnes exigent le départ du président.

Les députés votent à l’unanimité en faveur d’une motion bloquant la loi martiale et appelant à sa levée. Quelques heures après l’avoir proclamée, le président réapparaît à la télévision et abroge la loi martiale.

4 décembre – Motion de destitution et enquête

Dans l’après-midi du 4 décembre, l’opposition annonce qu’elle va déposer une motion de destitution. Des milliers de personnes défilent à Séoul.

Le lendemain, le chef du Parti du pouvoir au peuple (PPP) de Yoon Suk Yeol, Han Dong-hoon, dit que sa formation fera front contre la motion. La police ouvre une enquête pour «rébellion», contre Yoon Suk Yeol, crime passible en Corée du Sud de la prison à perpétuité et même de la peine de mort.

Des manifestants participent à un rassemblement aux chandelles appelant à la destitution du président sud-coréen Yoon Suk Yeol sur les marches de l'assemblée nationale à Séoul, le 5 décembre 2024. — © JUNG YEON-JE / AFP
Des manifestants participent à un rassemblement aux chandelles appelant à la destitution du président sud-coréen Yoon Suk Yeol sur les marches de l'assemblée nationale à Séoul, le 5 décembre 2024. — © JUNG YEON-JE / AFP

7 décembre – Echec de la première motion de destitution

Le 7 décembre, Yoon Suk Yeol échappe à la destitution, sauvé par les députés de son parti qui boycottent le vote, malgré la pression de dizaines de milliers de manifestants. Il avait auparavant présenté ses «excuses sincères» lors d’une allocution à la nation.

L’ancien ministre de la Défense Kim Yong-hyun, considéré comme la personne ayant poussé le président à imposer la loi martiale, est arrêté le 8 décembre. Quelques heures plus tard, le principal parti d’opposition annonce qu’il retentera le 14 décembre de faire destituer le président Yoon Suk Yeol. Le lendemain, le président est frappé par une interdiction de quitter le territoire.

Le 12 décembre, Yoon Suk Yeol défend sa loi martiale, assurant qu’il se «battra jusqu’à la dernière minute».

14 décembre – Destitution et éclats de joie

Vers 17H00 (heure locale) le 14 décembre, le résultat du vote de la seconde motion de destitution tombe: 204 élus pour et 85 contre, pour trois abstentions et huit bulletins nuls.

Yoon Suk Yeol est suspendu. La Cour constitutionnelle a six mois pour confirmer ou infirmer cette destitution. Devant le parlement, des dizaines de milliers de manifestants explosent de joie. L’intérim est assuré par le Premier ministre Han Duck-soo.

Des participants réagissent après avoir appris que le parlement sud-coréen a voté la destitution du président Yoon Suk Yeol le 14 décembre 2024. Les lettres indiquent «Impeachment Yoon Suk Yeol». — © Lee Jin-man / keystone-sda.ch
Des participants réagissent après avoir appris que le parlement sud-coréen a voté la destitution du président Yoon Suk Yeol le 14 décembre 2024. Les lettres indiquent «Impeachment Yoon Suk Yeol». — © Lee Jin-man / keystone-sda.ch

Mais dix jours plus tard, le principal parti d’opposition annonce son intention de le faire à son tour destituer par le Parlement, des députés l’accusant d’avoir «activement participé à l’insurrection» après la tentative avortée de son prédécesseur d’instaurer la loi martiale.

27 décembre – Nouvelle destitution

Le président par intérim est à son tour destitué le 27 décembre. C’est au ministre des Finances, Choi Sang-mok, que revient désormais la charge de chef de l’Etat par intérim.

29 décembre – Drame après le crash d’un avion

Sept jours de deuil national sont décrétés pour honorer la mémoire des 179 personnes tuées le 29 décembre dans le crash d’un Boeing 737-800 de la compagnie Jeju Air à Muan (sud-ouest).

Des personnes en deuil se recueillent devant l'autel commémoratif des victimes de l'accident d'avion de Jeju Air, devant l'hôtel de ville de Séoul, le 31 décembre 2024. — © JUNG YEON-JE / AFP
Des personnes en deuil se recueillent devant l'autel commémoratif des victimes de l'accident d'avion de Jeju Air, devant l'hôtel de ville de Séoul, le 31 décembre 2024. — © JUNG YEON-JE / AFP

31 décembre – Mandat d’arrêt

Aujourd’hui, la justice a émis émet un mandat d’arrêt contre le président déchu Yoon Suk Yeol, qui a ignoré à trois reprises des convocations pour être interrogé sur son coup de force.

Ce mandat est le premier dans l’histoire de la Corée du Sud à être émis contre un président toujours officiellement en poste, tant que la procédure de destitution n’a pas été validée par la Cour constitutionnelle.