Les autorités ont eu la lourde tâche d’identifier le corps des victimes, 179 au total, et d’annoncer la nouvelle aux familles, regroupées dans le hall des arrivées. Le tarmac de l’aéroport restera fermé ces prochains jours afin de déterminer les causes exactes de la catastrophe

A l’aéroport de Muan, en Corée du Sud, les relents d’essence sont tenaces. Derrière un cordon de police, des fragments de fauteuils, de valises et autres bouts de métal sont éparpillés au sol, à proximité de la carlingue du vol Jeju Air. Le Boeing 737-800, qui reliait Bangkok à Muan (sud-ouest de la Corée du Sud), s’est écrasé dimanche matin alors qu’il tentait un atterrissage d’urgence à la suite d’une possible collision avec des oiseaux, avant de prendre feu.

Alors que des centaines de secouristes sont parvenus à maîtriser l’incendie et ont passé l’appareil au peigne fin, seuls deux rescapés, des membres de l’équipage, ont été identifiés, sur les 181 passagers. «Un de mes fils était à bord de ce vol, il doit encore être identifié», s’inquiète un vieil homme dans un salon de l’aéroport, préférant taire son nom.

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Sur les lieux du crash, seuls les crépitements des appareils photos et les voix des journalistes se font entendre tandis que près du tarmac, on peut voir des restes de brochures du duty-free, des gants sanitaires portés par l’équipage et la queue carbonisée de l’avion. Une grue jaune soulève l’appareil pour permettre d’étendre les recherches.

Un retour de vacances qui tourne au drame

Les familles, en pleurs ou mutiques, se sont retrouvées au premier étage de l’aéroport, à l’affût de nouvelles de leurs proches. Beaucoup de passagers, tous Coréens à l’exception de deux Thaïlandais, rentraient chez eux après leurs vacances, à l’instar de la sœur de Jo. «Ma sœur cadette s’est envolée vers le paradis aujourd’hui», souffle Jo, 65 ans, bonnet gris sur la tête et masque sur la bouche. «Mon mari est en train de voir si elle a été identifiée».

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Les panneaux d’affichage qui indiquent d’ordinaire les départs et les arrivées listent désormais les victimes, avec leurs dates de naissance et leurs nationalités. Sous le choc, une femme a été transportée sur une civière après s’être évanouie. D’après les autorités, le passager le plus jeune était âgé de trois ans et le plus âgé de 78 ans. Cinq enfants de moins de dix ans sont morts.

La carcasse de l’avion de Jeju Air après avoir explosé suite à un atterrissage en urgence à l’aéroport international de Muan, le 29 décembre 2024. — © IMAGO/Chris Jung / IMAGO/NurPhoto
La carcasse de l’avion de Jeju Air après avoir explosé suite à un atterrissage en urgence à l’aéroport international de Muan, le 29 décembre 2024. — © IMAGO/Chris Jung / IMAGO/NurPhoto

A mesure que la journée avançait, le nombre de morts augmentait. Les autorités se sont regroupées dans une zone réservée où ils tentaient d’identifier les corps retrouvés sur le site de la catastrophe. Dans le hall des arrivées, la police, les pompiers et les employés de l’aéroport informaient les familles des victimes des dernières nouvelles.

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Deux miraculés

Vers 17h heure locale (9h heure suisse), des listes ont été affichées, provoquant la colère de certaines familles protestant contre le fait que les noms ne correspondaient pas à ceux qui avaient été divulgués précédemment, tandis que d’autres se sont plaints de n’avoir reçu aucune information pendant des heures, relate le média Korea Times. Des proches des passagers ont également demandé aux autorités de pouvoir accéder au lieu de l’accident pour identifier eux-mêmes les corps. Au final, sur les 181 passagers, équipage compris, 179 personnes ont trouvé la mort.

Lee, l’un des agents de bord ayant survécu, aurait demandé où il se trouvait et ce qu’il s’était passé au personnel soignant après avoir été dépéché à l’hôpital. Kwon, seconde miraculée de la catastrophe et elle aussi agent de bord, ne se souviendrait pas du moment du crash. Elle souffrirait d’une lacération du cuir chevelu, d’une fracture de la cheville et serait en train de passer des examens pour de potentielles lésions abdominales, toujours selon le Korea Times.

«Un oiseau est bloqué dans l’aile de l’avion»

Dimanche, les télévisions sud-coréennes ont mis à l’arrêt les séries de fin d’année pour passer au direct sur le drame et une minute de silence a été respectée lors d’événements sportifs à travers le pays.

Il s’agit d’une catastrophe aérienne sans précédent pour la Corée du Sud qui traverse en outre une grave crise politique depuis que le président Yoon Suk Yeol a tenté, début décembre, de proclamer la loi martiale, conduisant à sa destitution. Le nouveau chef de l’Etat par intérim, le ministre des Finances, Choi Sang-mok, s’est rendu dans l’après-midi à Muan et a présidé une réunion d’urgence du gouvernement. En raison de l’accident, des organisations de la société civile ont dit envisager le report des grandes manifestations destinées à mettre de la pression sur les juges pour valider la destitution de M. Yoon.

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Le tarmac de l’aéroport de Muan restera fermé cette semaine pendant que les enquêteurs tenteront de déterminer les causes de l’accident, ont indiqué les autorités. Des messages échangés entre un passager et son enfant ont été largement relayés dans les médias locaux.

«Attends, un oiseau est bloqué dans l’aile de l’avion. Impossible d’atterrir maintenant. Devrais-je partager mes dernières volontés?», indique le dernier message du passager, envoyé à 9h01. «Pourquoi je n’arrive pas à t’appeler?!», répond l’enfant à 9h37. Son message n’a pas été lu.