L’écrivaine et philosophe ivoirienne, autrice d'une trentaine d'ouvrages, est de passage à Fribourg le temps d’une conférence
Son premier coup de foudre pour un livre, Tanella Boni l’a eu dans son enfance. Une de ses sœurs, de plusieurs années son aînée, ramène dans son cartable un best-seller paru aux Etats-Unis: Cette mer qui nous entoure, de la biologiste marine Rachel Carson. «Je crois que, aujourd'hui encore, si j'aime tant défendre certaines valeurs comme la relation entre l'humain et les petits êtres – par petits êtres, j’entends les animaux, les plantes… – cela vient probablement de ce livre que j’ai tant lu et relu.» Le monde sous-marin décrit par la scientifique offre un espace imaginaire à cette jeune fille d’Abidjan, qui vit dans ses pensées et refuse de parler.
C’est à 12 ans, au moment où elle commence à écrire ses premiers poèmes, que Tanella Boni sort de son mutisme. Enseignante depuis ses 25 ans, elle est la première femme nommée professeure titulaire de philosophie dans une université ivoirienne. Aujourd’hui, elle est professeure émérite et le travail reste son dogme. Elle parle désormais, abondamment. Elle donne ainsi, ce vendredi, une conférence sur le thème de la faiblesse à l’Université de Fribourg, à l’occasion de la parution d’un ouvrage de recherche sociologique, Figures de la faiblesse. Elle confie, dans un souffle: «Il m’arrive encore de passer des journées entières sans parler.» Une façon de se ressourcer, de se reconnecter avec ses mondes intérieurs, car Tanella Boni est catégorique: c’est quand elle écrit qu’elle se sent la plus vivante, dans cet espace merveilleux qu’elle s’est forgé. «Je peux rêver d’un monde et chercher à le transmettre à mes lecteurs, mais à côté de ce rêve-là, il y a la réalité et je garde les pieds bien sur terre.»
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