Un tiers des collaborateurs de la chaîne publique se sont exprimés dans le cadre d’une consultation inédite. La majorité des votants signale un manque de confiance. La direction prend acte, mais questionne la méthodologie du scrutin
Les salariés de la RTS se sont prononcés sur leur confiance envers leur direction, dans le cadre d’un scrutin inédit, ouvert à l’ensemble du personnel. Plus de 81% des votants ont exprimé leur manque de confiance. Un «résultat inquiétant qui témoigne d’une crise profonde», selon le Syndicat suisse des médias (SSM), qui a publié jeudi un communiqué. La RTS prend acte tout en questionnant la méthodologie de la consultation.
Au total, 605 personnes ont participé au scrutin. À la question, «avez-vous confiance envers le Conseil de direction de la RTS?», 81,3% des votants ont répondu non, contre 18,7% de oui. «Un résultat sans appel qui s’appuie sur une participation forte», selon le SSM.
Le personnel de la RTS avait décidé d’organiser un vote de confiance envers le Conseil de direction lors d’une assemblée qui s’est tenue le 2 décembre. Le SSM avait été mandaté pour organiser le scrutin. Ce dernier s’est tenu en ligne du 9 au 11 décembre de manière strictement anonyme. Il était ouvert à l’ensemble des salariés, sans considération de statut ou d’affiliation syndicale.
Ces réponses révèlent un décalage important entre la direction et le personnel. L’ampleur du «non» témoigne d’un climat délétère au sein de la RTS, après un premier train d’économies qui a durement touché le personnel, et alors que d’autres coupes budgétaires sont d’ores et déjà planifiées, notamment en raison de la baisse de la redevance dès 2027, poursuit le communiqué.
Contactée par Keystone-ATS, la RTS dit comprendre le malaise compréhensible d’une partie des effectifs dans un contexte général compliqué pour les médias. Elle questionne cependant la méthodologie de la consultation. Le système de vote en ligne proposait à deux reprises un texte rédigé avec des «contrevérités» à charge, sans que la position de la direction n’ait été reflétée. De même, aucun bouton ne permettait d’exprimer l’abstention.
Selon ce système, sur un effectif total de 1800 personnes, 481 auraient manifesté un manque de confiance, ce à quoi la direction s’attendait dans un contexte général compliqué pour les médias et où le financement du service public fait actuellement l’objet d’une remise en cause au niveau politique. La RTS relève cependant que 70% du personnel ne s’est pas prononcé. Et rappelle que le personnel RTS a été impliqué dans les décisions.
L’entreprise a annoncé en septembre devoir économiser 10 millions de francs en 2025 en raison de la hausse des prix et de la baisse continue des recettes publicitaires. Au total, 46 postes équivalents temps plein vont disparaître, entraînant 19 licenciements.