La station du Grand-Bornand, à 50 km de nos frontières, a fait polémique en faisant venir de la neige par camion pour la Coupe du monde de biathlon qui se déroulera du 16 au 22 décembre. Mais qu’elle soit acheminée ou produite sur place, peut-on vraiment se passer de neige artificielle?

Les domaines skiables situés entre 1000 et 1500 mètres d’altitude ont perdu 40% d’enneigement depuis 1960.

Et avec un réchauffement climatique à +4 °C d’ici à 2100, plus d’un tiers des domaines suisses alpins risquent de se retrouver en pénurie de neige.

Alors forcément, les gérants de ces stations cherchent à défier les lois de la nature…
pour continuer à faire travailler les 22 000 personnes employées dans les remontées mécaniques à l’année et faire prospérer ce juteux secteur, au chiffre d’affaires de 1,6 milliard de francs pour l’hiver 2023-2024. Ce à quoi il faut ajouter l’activité touristique et sportive qui gravite autour.

Toutes ces raisons poussent les stations à dédier un cinquième de leurs dépenses à l’enneigement technique, terme employé par la profession pour la neige artificielle. Résultat, aujourd’hui, plus de la moitié des pistes suisses (54%) sont équipées de canons à neige. Un chiffre que l’on a cherché à vérifier mais la liste des canons à neige est gardée secrète.

La Suisse se situe néanmoins en bonne position: nos voisins européens affichent des pourcentages bien plus élevés: 70% de pistes équipées de canons à neige en Autriche, 90% en Italie. Mais la France fait mieux avec seulement 37%. Ce faible recours suisse et français à la neige artificielle s’expliquerait par une résistance de la population aux projets d’installation de canons à neige pour des raisons environnementales.

Et pour cause: sous ces machines, se cache un dédale de tuyauteries et de salles techniques. Pour les enterrer, il a fallu creuser, ce qui contribue à l’érosion du sol, perturbe les cours et les sources d’eau en aval.

Toute une série d’innovations cherche à rendre l’enneigement technique plus respectueux de l’environnement. Certaines entreprises se targuent même de ne plus avoir besoin d’électricité. A Emmenbrücke, Bachler puise depuis 2017 le lac en amont de la pente pour générer de la pression et ainsi former les cristaux de glace puis les faire tomber sur les pistes.

Mais pour le moment, l’enneigement technique de la région alpine correspond aux besoins en électricité de 130 000 ménages de quatre personnes par an soit 600 GWh selon la Commission internationale des Alpes.

Et bien que des chercheurs tentent de générer plus de flocons au-dessus de 0 °C à l’aide de minerais, il faut encore aujourd’hui environ 1000 litres d’eau soit 1 m³, pour produire 2 m³ de neige artificielle.

Alors dans cette vidéo, on parle beaucoup de solutions techniques mais celles-ci ne fonctionnent que si la température avoisine 0 °C. Et pour l’instant, les projections climatiques s’éloignent de cette normale saisonnière. Finalement, plus que de la neige artificielle, est-ce que ce ne sera pas du ski qu’on devra se passer? Le Temps dédie un large dossier à cette question.