En poste depuis 2019, Christian Petit quitte avec effet immédiat ses fonctions de directeur général du producteur et distributeur d’énergie. Le groupe invoque la nécessité de donner un nouvel élan
Le timing et la manière de communiquer interpellent. Christian Petit quitte la direction de Romande Energie, «avec quelques mois d’avance sur le calendrier prévu». Patrick Bertschy, son adjoint et directeur réseaux, lui succède ad interim. «D’un commun accord, le conseil d’administration et le directeur général sont parvenus à la conclusion qu’après une transformation réussie en acteur global de l’énergie en Suisse romande, une impulsion nouvelle était nécessaire pour mener à bien l’étape suivante de la stratégie du groupe», explique l’entreprise mercredi dans un communiqué.
Dans les faits, la date du départ du directeur général n’avait pourtant pas été précisément fixée. «Mais il a toujours été admis, qu’une fois le repositionnement de Romande Energie établi, ce que Christian Petit a accompli de façon remarquable, il fallait passer à une autre étape», explique au Temps le président du conseil d’administration Guy Mustaki. «Nous avons estimé que c’était le moment opportun de le faire. Par ailleurs, il est prévu que Christian Petit reste à disposition le temps nécessaire pour assurer une bonne transition», précise-t-il.
Christian Petit a joué un rôle majeur dans la modernisation de l’entreprise, souligne l’énergéticien dans son communiqué. Centrée par le passé sur la distribution d’électricité, Romande Energie est désormais engagée dans la production d’énergie solaire et éolienne, dans la mise en œuvre de chauffage à distance, de services énergétiques et de rénovation du bâti. Une transformation qui s’est traduite par une forte augmentation des effectifs. En l’espace de dix ans, le nombre d’employés a doublé à quelque 1400 collaborateurs.
Romande Energie mentionne également le rôle joué par Christian Petit dans la décarbonation énergétique ainsi que dans «la stabilisation économique» de l’entreprise dans le contexte de la guerre en Ukraine. Personnalité médiatique, fin pédagogue sur les questions de transition énergétique, l’économiste de formation a longtemps travaillé chez Swisscom avant de prendre la direction de Romande Energie en juin 2019. Le Français d’origine avait notamment été en charge pour le géant bleu de la responsabilité de la clientèle privée, puis de celle des entreprises.
Le processus de succession à la direction générale de Romande Energie va prochainement se mettre en place. «Nous sommes a priori plus à la recherche d’un profil d’énergéticien. Dans la fin de notre cycle de repositionnement, il s’agit désormais d’implémenter les différents éléments de notre stratégie de manière un peu plus technique et réglementaire», explique Guy Mustaki.
A la demande du conseil d’administration, Guy Mustaki se présentera à sa réélection lors de la prochaine assemblée générale. Il devra notamment superviser le processus de nomination du futur directeur général. Le président avait initialement prévu de ne pas briguer de nouveau mandat en 2025, après deux décennies passées au sein de l’organe de surveillance. «Afin d’assurer une transition harmonieuse, le conseil d’administration a estimé qu’il n’était pas opportun de changer quasiment en même temps de président et de directeur général», explique-t-il.
Romande Energie a vu sa rentabilité plonger au premier semestre après une performance hors norme l’an dernier. Le résultat opérationnel (Ebit) a dégringolé de 72% à 20 millions de francs. Le bénéfice net a quasiment été divisé par deux à 66,4 millions, tandis que le chiffre d’affaires s’est contracté de 13% à 425,5 millions. «Il n’y a absolument aucun lien entre les résultats du premier semestre et l’annonce du départ de Christian Petit, affirme Guy Mustaki. Ceux-ci sont notamment dus à des effets régulatoires, qui ont pesé sur la marge énergie.»
Romande Energie a subi l’impact réglementaire lié aux pertes enregistrées sur les reventes d’énergie excédentaire sans possibilité de les reporter dans les tarifs régulés. Le groupe a également souffert de l’application de la méthode du prix moyen dans un contexte de baisse continue du prix de l’électricité.
La firme, détenue à hauteur de 38,60% par l’Etat de Vaud, a la particularité d’être cotée à la bourse suisse. Depuis le début de l'année, l'action a perdu plus de 20%. «La cotation est une «erreur majeure» pour une entreprise essentiellement publique, car elle pousse au «court-termisme», estime un spécialiste de la branche. «Nous sommes attentifs à l’évolution du cours, relève Guy Mustaki. Les volumes de transactions sont assez faibles, ce qui influe sur le cours de l’action. Mais ce n’est en aucun cas le cours boursier qui a dicté nos décisions.»