Une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement assisteront samedi à la réouverture de la cathédrale. Emmanuel Macron espère faire de cet événement planétaire un rendez-vous diplomatique majeur. Alain Berset sera présent

La réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris sera l’occasion d’intenses échanges diplomatiques, avec une possible première rencontre entre le président élu des Etats-Unis Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Les deux hommes s’étaient déjà rencontrés à New York en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, mais il s’agirait de leur premier entretien depuis l’élection de Donald Trump.

Empêtré dans une nouvelle crise politique, le président français Emmanuel Macron, qui a promis de nommer un nouveau premier ministre «dans les prochains jours», espère faire de cet événement planétaire un rendez-vous diplomatique majeur. La venue de Donald Trump est déjà en soi notable six semaines avant son investiture d’autant que pour le républicain, ce sera le premier déplacement à l’étranger depuis sa victoire à la présidentielle du 5 novembre.

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Rencontre en trilatérale?

«Zelensky est attendu» pour la réouverture de Notre-Dame, a indiqué à l’AFP vendredi une source diplomatique à Paris tandis qu’un haut responsable ukrainien a évoqué à la fois une rencontre avec Emmanuel Macron et d’autres rencontres «possibles, notamment avec le président élu Donald Trump».

Samedi, le chef de l’Etat français prendra la parole sur le parvis de la cathédrale reconstruite après l’incendie du 15 avril 2019, avant que ses portes ne s’ouvrent pour une cérémonie liturgique. En marge, probablement avant la cérémonie, des bilatérales devraient avoir lieu pour évoquer, entre autres, le conflit en Ukraine et la situation au Proche-Orient, selon des sources diplomatiques.

Emmanuel Macron en embuscade

La composition de la future administration Trump suscite des inquiétudes sur ses intentions à l’international, alors que le cessez-le-feu au Liban reste très fragile, que la guerre à Gaza se poursuit, que le programme nucléaire iranien fait redouter le pire et que la rhétorique russe se fait de plus en plus menaçante. Dans ce contexte explosif, Emmanuel Macron cherche à renouer au plus vite avec le prochain locataire de la Maison Blanche, en espérant exercer plus d’influence qu’il n’en avait eue lors du premier mandat Trump. Sur l’Ukraine, l’hypothèse d’une trilatérale Macron, Trump et Zelensky est évoquée mais elle n’est pas confirmée à de stade.

Donald Trump et Volodymyr Zelensky avaient échangé par téléphone juste après la victoire du candidat républicain. Très critique des milliards de dollars débloqués par les Etats-Unis pour l’Ukraine, le président élu a promis de régler la guerre entre Kiev et Moscou avant même de prêter serment le 20 janvier, sans jamais expliquer comment. Contrairement à l’administration démocrate sortante de Joe Biden, Donald Trump n’a en outre jamais évoqué la nécessité d’une victoire pour l’Ukraine, attaquée par la Russie en février 2022.

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La France entend, elle, poursuivre son soutien sans faille à Kiev pour mettre son président en position de force quand il souhaitera se mettre autour de la table des négociations avec Moscou. Pour l’heure, le président russe Vladimir Poutine refuse, lui, toute tractation, persuadé de pouvoir prendre l’avantage sur le terrain.

Un ballet des grands de ce monde

Outre Trump et Zelensky, une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement assisteront samedi à la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Avec d’autres sujets diplomatiques potentiellement au menu des discussions, à commencer par l’accord de libre-échange entre les pays de l’Union européenne et le bloc sud-américain du Mercosur.

Parmi les nombreux invités de marque seront présents, notamment, le prince William, Jill Biden, l'épouse du président des Etats-Unis, sa Majesté Philippe, Roi des Belges, Salomé Zourabichvili, la présidente d'Estonie ou encore Alain Berset, l'ancien président de la Confédération devenu Secrétaire général du Conseil de l'Europe.

Une grande absente

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui avait confirmé sa présence à Paris, s’est finalement rétractée alors qu’elle est sous le feu des critiques en France pour avoir annoncé la conclusion de cet accord depuis l’Uruguay vendredi. Une façon d’éviter un échange potentiellement houleux en personne avec Emmanuel Macron.

Le président français lui avait en effet clairement signifié jeudi que l’accord n’était «pas acceptable en l’état» sur nombre de sujets, de l’agriculture au respect de l’accord de Paris sur le climat, en passant par la déforestation ou les mesures miroir pour garantir le respect des normes européennes.

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En France, cet accord a toujours suscité une vive opposition alors que celui-ci vise à supprimer la majorité des droits de douane entre les deux zones, permettant ainsi aux pays sud-américains d’écouler vers l’Europe multitude de biens alimentaires tels que la viande, le sucre, le riz ou le miel.Au moment où Emmanuel Macron ne parvient pas à s’extirper des tempêtes politiques successives, une fronde des agriculteurs français ajouterait à l’ambiance électrique dans le pays.