Dans la nuit du 29 au 30 novembre, la coalition rebelle, formée de différents groupes de combattants, a repris Alep, seconde ville du pays. Depuis 2016, elle était sous le contrôle du régime. Mais la population kurde craint ce changement de pouvoir

Mehmet fait ses bagages et rassemble des papiers, le titre de propriété pour l’appartement, les passeports pour toute la famille. Derrière lui, sa femme emballe quelques vêtements, surtout pour les enfants, et quelques souvenirs. De sa fenêtre, il regarde les immeubles détruits autour de chez lui et nous raconte, par téléphone, les nombreux proches tués dans les violences. Ce médecin n’a jamais cessé de travailler. Même quand les médicaments manquaient, il s’est adapté. Mais aujourd’hui, il ne peut plus tenir. «Depuis samedi, les combattants kurdes qui gardaient le quartier ont disparu. Dimanche, les bombardements de l’aviation se sont calmés, mais on entend toujours des tirs au loin. On a survécu à tout, mais là on est perdus. Je ne sais pas qui sont ces hommes qui viennent prendre la ville, j’ai peur pour mes enfants. On ne sait pas ce qu’on va devenir», explique-t-il dans un message par téléphone.

Avant la révolution de mars 2011 en Syrie, plus de 10 000 personnes vivaient dans ce quartier à majorité kurde. Pendant la guerre, la moitié de ce quartier de deux kilomètres carrés a été détruite après des années de bombardements par les avions syriens et son allié russe. Après 2016 et la reprise d’Alep par les autorités de Damas, la situation s’est calmée quelques années. «La population a explosé à l’époque, tout le monde venait vivre ici dans l’espoir de trouver du travail.» Mais très vite, le régime de Bachar el-Assad a imposé un siège très strict sur ce quartier rebelle, empêchant les médicaments et le carburant notamment de pénétrer et entraînant des graves conséquences pour la population.

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