Recep Tayyip Erdogan a profité d’une conjonction de facteurs pour donner son accord tacite à une vaste offensive anti-régime dans le nord de la Syrie. Ankara espère bénéficier des victoires militaires des rebelles, mais a tout intérêt à ce que la diplomatie calme le jeu.
Depuis qu’une coalition de rebelles dominée par les islamistes de Hayat Tahrir al-Cham et de groupes proches de la Turquie s’est lancée dans une offensive contre le régime syrien, conquérant en un temps record la métropole d’Alep et poursuivant l’attaque dans le nord du pays, les autorités d’Ankara affirment n’y être pour rien. «La Turquie n’est pas impliquée», assurait le 30 novembre son chef de la diplomatie, Hakan Fidan. Deux jours plus tard, le même ministre n’en démordait pas: «Expliquer ce qui se passe en Syrie à travers le prisme d’interventions extérieures serait une erreur à ce stade».
Si par «intervention», on entend la présence de soldats turcs sur le terrain à l’assaut des troupes de Bachar el-Assad, cela n’est en effet pas le cas. Mais force est de constater – y compris dans les médias proches du président turc, qui s’en félicitent à demi-mot – que l’offensive n’aurait pu se passer d’une forme de feu vert des autorités d’Ankara, acteur majeur du conflit syrien et soutien de l’opposition armée depuis ses débuts il y a treize ans. Reste à comprendre pourquoi Recep Tayyip Erdogan a décidé d’agir maintenant, avec quels objectifs, et quels scénarios pour la suite.
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