Le pays a le regard tourné vers les élections alors que s’affrontent les deux partis de centre droit de la coalition sortante et le parti nationaliste de gauche Sinn Fein qui espère arriver au pouvoir pour la première fois
Les Irlandais votent vendredi dans des élections législatives dont l’issue s’annonce serrée entre les deux partis de centre droit de la coalition sortante et le parti nationaliste de gauche Sinn Fein qui espère arriver au pouvoir pour la première fois dans le pays. Après une campagne éclair de trois semaines, dominée par la crise profonde du logement, le coût de la vie et l’immigration, les électeurs désignent les 174 députés qui siégeront au Dail, la chambre basse du Parlement.
Les sondages de sortie des urnes devraient donner une idée des résultats vendredi soir, après la fermeture des bureaux de vote à 22h GMT. Mais les résultats définitifs pourraient être annoncés dans plusieurs jours. Plus de 680 candidats se présentent dans les 43 circonscriptions de ce pays membre de l’Union européenne qui compte 5,4 millions d’habitants.
Les deux partis de centre droit de la coalition sortante, le Fine Gael et le Fianna Fail, sont au coude à coude avec le Sinn Fein dans les sondages. Ce dernier est l’ancienne aile politique du groupe paramilitaire IRA qui a combattu les Britanniques en Irlande du Nord pendant des décennies jusqu’à l’accord de paix de 1998. Simon Harris, «Taoiseach» (premier ministre) depuis avril et dirigeant du Fine Gael, a été le premier des principaux candidats à voter. «Je suis plein d’espoir, non seulement pour cette élection, mais aussi pour l’avenir de notre pays», a-t-il dit.
Simon Harris, 38 ans, abordait ces élections en bonne position, après avoir redynamisé son parti, au gouvernement depuis 2011, mais sa campagne n’a pas convaincu et il est passé de la première à la troisième place dans plusieurs sondages. Selon la dernière enquête d’opinion avant le vote, publiée mercredi soir, le Fianna Fail, dirigé par le ministre des Affaires étrangères Micheal Martin, arriverait en tête avec 22% des suffrages, devant le Fine Gael (en baisse) et le Sinn Fein (en hausse), à égalité à 20%. Des indépendants remporteraient 14% des voix.
Micheal Martin a appelé vendredi à voter pour «un gouvernement cohérent, stable». Le Fianna Fail et le Fine Gael se sont succédé au pouvoir depuis l’indépendance de l’Irlande vis-à-vis du Royaume-Uni en 1921. Après les dernières élections, en 2020, remportées en nombre de voix par le Sinn Fein, les deux partis centristes avaient formé une coalition gouvernementale avec les Verts.
Simon Harris et Micheal Martin ont exclu toute coalition avec le Sinn Fein, ce qui réduit considérablement les chances de ce parti de parvenir à former un gouvernement, même s’il a progressé dans les sondages. Mais Mary Lou McDonald, la dirigeante du Sinn Fein, a estimé après avoir voté que vendredi était «un jour historique». «Nous pouvons élire un nouveau gouvernement pour le changement», a-t-elle lancé. Elle a appelé les jeunes à aller voter, parlant d'«une génération pour qui se loger est hors de portée, (…) qui veut massivement quitter le pays».
La cheffe du Sinn Fein a redit qu’elle voulait réunifier l’Irlande et l’Irlande du Nord. Elle a convaincu Deric Sweeman, un chauffeur routier de 55 ans, qui a voté Sinn Fein car «le temps du changement est venu». «Fine Gael et Fianna Fail ont eu du temps pour régler les problèmes, mais ils ne l’ont pas fait», a-t-il dit à l’AFP.
John Flynn, un banquier de 39 ans, souhaiterait lui que la coalition entre les deux partis de centre droit reste au pouvoir, «comme l’économie se porte plutôt bien». «Mais le logement est une grande préoccupation, car il est très difficile pour les jeunes d’accéder à la propriété», a-t-il souligné. «L’Irlande a plus d’argent que jamais», a commenté Peta Scott, une Irlandaise de 54 ans qui travaille dans le secteur de la santé.
En termes de PIB par habitant, l’Irlande est en effet le deuxième pays le plus riche de l’UE après le Luxembourg. Le pays prévoit en 2025 un excédent budgétaire, pour la quatrième année consécutive. «J’espère que la personne qui arrivera au pouvoir utilisera cet argent pour (…) la santé, le logement, la garde d’enfants. Les classes moyennes sont sous pression», a-t-elle ajouté.
Au-delà des principaux partis, les Verts, les Socio-démocrates, le Labour pourraient remporter de nombreuses voix et peser dans la formation d’une coalition. Le comptage des voix démarrera samedi matin, mais pourrait prendre plusieurs jours en raison du système électoral complexe en Irlande. Les discussions pour former une coalition vont ensuite démarrer. Il est très peu probable qu’un parti obtienne suffisamment de voix pour gouverner seul.