L’Australie a décidé d’interdire l’accès aux réseaux sociaux aux mineurs, sans donner de détails sur la manière d’y parvenir. On vous explique pourquoi il est difficile, voire impossible, de limiter l’accès aux plateformes technologiques en fonction de l’âge

Le problème avec ces lois d’interdiction, comme celle qui vient d’être votée ce 28 novembre en Australie, c’est leur faisabilité. La loi australienne, d’ailleurs, ne précise pas comment l’implémenter.

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Il est techniquement impossible de totalement limiter l’accès à une plateforme numérique en fonction de l’âge. Et il est souvent très facile de frauder. C’était le cas en Corée du Sud. Le pays avait imposé une loi en 2011, qui devait lutter contre l’addiction des jeux en ligne, en empêchant l’accès aux sites de gaming aux moins de 16 ans. La plupart des jeunes utilisaient le nom d’un parent pour accéder aux jeux. La loi a finalement été abolie en 2021.

Comment s'y prendre alors?

L’identification par pièce d’identité pose tout l'enjeu de la protection des données, puisqu’il s’agit de transmettre des données sensibles à des compagnies technologiques. Il faut également être en possession de tels documents. D’autres solutions existent: la reconnaissance biométrique, jugée peu fiable, ou encore l’utilisation des données comportementales sur les plateformes, en essayant de déterminer l’âge d’une personne en fonction de ce qu’elle consomme ou partage, par exemple. Et ça aussi, ça pose beaucoup de questions de confidentialité.

Tout l’enjeu de l’accès aux réseaux sociaux est également celui des droits humains. En effet, les adolescents ont droit à la liberté d’expression, et les plateformes leur permettent d’accéder à de nombreuses ressources auxquelles ils n’ont pas accès à travers leur entourage.

L'Australie, l'exemple le plus strict

Pour le contexte, l’Australie vient tout juste d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 16 ans. Cette loi oblige les plateformes à prendre «des mesures raisonnables» pour faire respecter cette nouvelle limite d’âge. En cas de non-respect de la loi, une amende pouvant aller jusqu’à 28 millions de francs suisses peut être infligée aux plateformes.

L’Australie est scrutée par de nombreux pays. La France a instauré une majorité numérique à 15 ans, en dessous de laquelle il faut demander l’autorisation à ses parents.

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En Suisse, il n’existe aucune loi pour encadrer l’utilisation des réseaux sociaux par les mineurs. L’étude JAMES de la Haute Ecole des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) indique qu’ils sont neuf sur dix à passer du temps sur les réseaux sociaux. Et, en ce qui concerne les ados de 12 à 19 ans, ils passent en moyenne 3 heures et 33 minutes par jour sur leur smartphone. Ce chiffre atteint carrément 4 heures et 53 minutes le week-end.