OPINION. Un abandon des prétentions hégémoniques, mieux définir les objectifs de chaque partie, la renonciation à la violence et délester les intérêts palestiniens de leurs pesanteurs étrangères: le vice-président de l'association Suisse-Israël Jean Auguste Neyroud esquisse les étapes nécessaires pour parvenir à un apaisement

Un conflit complexe et instrumentalisé à l’échelle mondiale

Le conflit israélo-palestinien est mal compris en Occident, où des narratifs trop politiques, religieux ou doctrinaires occultent les racines du problème. Notre Association Suisse-Israël met l’accent sur ce qui contribue à rapprocher les points de vue et à éviter les conflits, bref, tout le contraire de mettre de l’huile sur le feu.

La «terre d’islam»

Après la Seconde Guerre mondiale, des dizaines de nations, dont Israël, ont vu le jour dans le grand mouvement de décolonisation, et d’indépendance des peuples. Ces nouveaux Etats ont tous été reconnus et admis à l’ONU. Parmi eux, Israël est soumis à un traitement différent: depuis sa création en 1948, son existence est contestée par les pays arabo-musulmans qui refusent tout partage de territoire, ce qui empoisonne jusqu’à aujourd’hui l’atmosphère. C’est moins l’absence d’un Etat de Palestine que la présence «insupportable» d’Israël au Moyen-Orient qui dérange certains, avec leur prétention d’un autre âge à un monopole religieux exclusif sur une «terre d’islam».

La première étape d’un apaisement est le respect des droits des minorités et l’abandon de toute prétention hégémonique. Israël, riche de son histoire millénaire, forme sans le moindre doute une partie du Moyen-Orient.

Contre qui Israël se bat-il?

La cause palestinienne est instrumentalisée aujourd’hui par une coalition hétéroclite dont le ciment est la détestation d’Israël et de l’Occident. Un conflit asymétrique oppose un Etat de droit, Israël, aux mouvements terroristes Hamas, Hezbollah et houthi, plus ou moins soutenus par les Etats «officiels» qui les hébergent – l’Autorité palestinienne, le Liban et le Yémen – et fortement soutenus par l’Iran des mollahs qui les approvisionne en armes et en conseillers. Ni l’Autorité palestinienne, ni le gouvernement libanais, ni le Yémen ne veulent assumer la coresponsabilité des attaques lancées sur le territoire israélien. Le Hamas et le Hezbollah amassent des armes dans leurs tunnels tout en laissant cyniquement leurs populations civiles exposées aux inévitables représailles israéliennes. Ils misent sur la sensibilité humanitaire des pays occidentaux pour réparer leurs dégâts.

Une deuxième étape consiste à mieux définir les enjeux de la confrontation: que veut chaque partie prenante? Quel est son intérêt? Comment, par exemple, comprendre le soutien iranien au terrorisme ou l’implication des houthis? Il faut remettre la Palestine au centre de la réflexion et clarifier l’agenda de chaque partie.

L’Etat de Palestine

Les milieux palestiniens et pro-palestiniens s’accommodent d’une dialectique discutable invoquant, selon les circonstances, l’action politique ou l’action armée. Or, la création d’un Etat palestinien à côté de l’Etat d’Israël est incompatible avec la poursuite d’activités terroristes: Israël n’acceptera jamais un arrangement qui maintient l’option du terrorisme à ses portes (et à celles de l’Europe!). Le 7 octobre 2023, le pogrom commis par le Hamas sur la population civile israélienne a repoussé tout règlement de plusieurs années. Le triste spectacle de l’UNRWA ne plaide pas en faveur du rôle de l’ONU.

La troisième étape exige de renoncer à la violence. Il n’y aura pas de salut sans que les groupes terroristes voués à l’élimination de l’Etat d’Israël soient mis définitivement hors d’état de nuire.

Géostratégie planétaire

Plusieurs puissances étrangères voient un intérêt à laisser pourrir la question palestinienne. Cela favorise les tensions dans beaucoup de domaines éloignés de cet enjeu: pénétration de la Chine, influences de la Russie et des Etats-Unis, rôles de l’Iran et de la Turquie dans le monde arabe, maintien des monarchies pétrolières, conflit latent Nord-Sud, etc. Cela retarde la marche vers la solution de problèmes régionaux.

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Dans la quatrième étape, chaque partie prenante devra distinguer la question palestinienne de sa propre stratégie mondiale et lui offrir une issue. Ainsi, délesté de ses pesanteurs étrangères, le conflit trouvera peut-être sa solution.

Les partis pris sommaires et la désinformation n’améliorent pas le sort des victimes: ils retardent le règlement des problèmes.

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