Un scandale. C’est ainsi que qualifie une commission indépendante la décision du Ministère public vaudois de classer l’affaire de la mort de Nzoy, tué en gare de Morges en 2021. Une manifestation contre cette décision se tiendra à Lausanne
La Commission indépendante chargée de faire la lumière sur la mort de Nzoy, tué par un policier en 2021 à Morges, se dit «scandalisée» mais «peu surprise» du classement de l’affaire par le Ministère public vaudois. Elle critique la «partialité» de cette décision.
Cette commission, fondée l’an dernier et composée de spécialistes du droit, de la médecine légale et des sciences sociales, affirme que le procureur en charge de l’affaire «n’a pas fait un travail d’enquête suffisant et évacué la question du racisme systémique», écrit-elle jeudi dans un communiqué.
Elle estime que le procureur s’octroie «un rôle d’arbitre qui appartient pourtant aux juges lors d’une allégation d’homicide par des agents de l’Etat.»
Pour mémoire, le Ministère public vaudois a annoncé mardi avoir rendu une ordonnance de classement et de non-entrée en matière. Selon lui, le policier auteur du tir mortel a agi en état de légitime défense. L’omission de prêter secours ne peut pas non plus être retenue ni contre cet agent, ni contre ses trois collègues.
L’avocat de la famille a déjà annoncé un recours auprès du Tribunal cantonal. Dans son communiqué, la commission dit soutenir cette démarche et demande que les policiers fassent l’objet d’un procès. Elle invite aussi le Ministère public vaudois à «se dessaisir de l’affaire en faveur d’une autorité d’un autre canton afin de garantir le respect des obligations internationales en matière d’enquête effective et impartiale.»
La coordination romande Justice 4 Nzoy a aussi réagi au classement de l’affaire qu’elle considère comme «un choix politique qui montre une fois de plus à toute la société que l’impunité du système raciste suisse restera intacte quoi qu’il advienne». Et d’ajouter que «l’Etat garantira toujours une protection totale à la police […] qu’on autorise toujours plus à faire justice elle-même.»
Le collectif appelle donc à un rassemblement le 7 décembre, 15h à la place du 14 juin à Lausanne, afin de réclamer un procès équitable et la récusation du Procureur.