CHRONIQUE. Ses bénéfices se compteront en dizaines de milliards, pourtant les cantons et la Confédération en toucheront au mieux six. Que la BNS décide toute seule comment elle affecte ses pertes ou ses profits devient problématique, écrit l’économiste Charles Wyplosz, pour qui il faut repenser la loi

La BNS a récemment publié le montant de ses profits réalisé sur les trois premiers trimestres de l’année 2024. Les nouvelles sont bonnes. La BNS a réalisé un profit de 62,5 milliards. Ce n’est pas une surprise car l’essentiel de son épargne est placé en devises étrangères et en or, et les marchés financiers se sont très bien portés depuis le début de l’année tandis que le cours de l’or s’est envolé. Si les marchés mondiaux continuent de bien se porter au quatrième trimestre, l’année 2024 aura été superbe pour les finances de la BNS. Et pour les citoyens suisses? Il va falloir attendre février ou mars 2025 pour connaître le sort que la banque centrale leur aura réservé, mais les nouvelles sur ce front sont inquiétantes.

C’est une question de très gros sous. Les profits pourraient atteindre en 2024 un montant de l’ordre de 10% du PIB, qui mesure tout ce que les ménages et les entreprises suisses gagnent durant l’année. C’est aussi de l’ordre du quart de tous les impôts. Mais il ne faut pas rêver, jamais la BNS ne cédera une telle somme. Au mieux, elle distribuera 4 milliards aux cantons et 2 milliards à la Confédération. Au pire, elle gardera tout pour elle. Or la BNS décide toute seule comment elle affecte ses pertes ou ses profits.

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