OPINION. Dans l’affaire des abus sexuels à l’abbaye de Saint-Maurice, il faut s’inquiéter de ce qui disparaît des archives ecclésiastiques, qui ne sont pas traitées d’une manière professionnelle et publique, regrette le directeur honoraire des Archives cantonales vaudoises, Gilbert Coutaz

A l’ouverture, en mai 2022, de l’enquête scientifique indépendante sur le passé de l’Eglise catholique suisse, confiée au Département d’histoire de l’Université de Zurich, par la Conférence des évêques suisses, je m’étais étonné auprès du secrétaire général de la Société suisse d’histoire que la commission ne compte aucun archiviste.

Je justifiais mon intervention par le fait que les archivistes suisses ont été impliqués, ces trente dernières années, dans quatre crises majeures de la mémoire collective: l’affaire des fiches de la police fédérale en 1989; le rôle de la Suisse durant la Seconde Guerre mondiale, en particulier envers les Juifs, en 1995; les internements administratifs et les enfants victimes de mesures coercitives à des fins d’assistance et de placements extra-familiaux, enquêtes dont les résultats ont été publiés en 2019. Leurs apports à la recherche ont été salués.