L’émerveillement et l’érudition innervent chaque page du nouveau recueil de poèmes de Fabienne Raphoz

Que l’on soit familier des insectes ou que l’on ignore tout d’eux, la stupéfiante beauté du lucane cerf-volant dessiné sur la couverture d’Infini Présent, aux Editions Héros-Limite, donnera certainement envie de suivre Fabienne Raphoz dans l’amitié qu’elle leur voue. Amitié pour la coccinelle, «star superlative», mais aussi pour le psoque et le sphex. Des Thysanoures aux Mécoptères, son nouveau recueil de poèmes bruisse et volette en suivant la classification scientifique ordre par ordre. Depuis l’enfance, elle aime faire chanter leurs noms «incompréhensibles donc merveilleux comme Arachnides et Myriapodes», explique-t-elle dans la présentation du livre.

La poésie animalière de Fabienne Raphoz allie l’enthousiasme du Castor Junior, toujours prêt à partir pour ses affûts quotidiens, à l’omniscience taxinomique acquise et entretenue dans le calme de sa bibliothèque: «plus tard, beaucoup plus tard, je saurai: /une Perle – marginée/aux ailes torsadées/avait pris mon pied pour/pierre». Loin d’une voix savante qui décrit et dissèque une altérité distante, Fabienne Raphoz se situe dans le présent d’une rencontre. Elle en restitue l’émerveillement avec une remarquable économie de moyens digne des plus grands maîtres du haïku.

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