La population a rejeté le paquet autoroutier pourtant soutenu par le Conseil fédéral et la majorité du parlement. La victoire est retentissante pour la gauche, mais elle a été aidée par une campagne du camp bourgeois qui a raté sa cible

C’est une claque retentissante non seulement pour le conseiller fédéral Albert Rösti, mais pour l’ensemble du camp bourgeois. La population suisse a rejeté (52,7% de non) un crédit de 5 milliards de francs pour la réalisation de six projets d’extension du réseau autoroutier, dont un en Suisse romande (le tronçon Nyon-Le Vengeron). Le non ne l’emporte pas seulement, comme attendu, dans les grandes villes (72,93% de non à Lausanne ou 65,14% à Zurich), mais aussi dans des petits cantons alpins comme Glaris et Obwald. En début de campagne, il semblait pourtant que la droite, soutenue par l’ensemble des milieux patronaux, avait toutes les cartes en main, à l’heure où la Suisse étouffe sous les bouchons (48 000 heures au total en 2023). Les projets n’étaient-ils pas déjà financés par le fonds Forta, que les Suisses avaient accepté de créer (62% de oui) en 2017?

«Il y a 10 ans, nous aurions gagné une telle votation sans avoir trop besoin de faire campagne, mais les temps ont changé», soupire le conseiller national Fabio Regazzi, président de l’USAM, la faîtière des PME. Attablé dans les salons du restaurant bernois Zum Äusseren Stand, l’habituel stamm de la droite, le centriste se défend néanmoins d’avoir sous-estimé le scrutin. «Nous avons toujours su que nous devrions mener une campagne difficile, c’est pour cela que nous l’avons lancée très tôt, en juin déjà», relève le Tessinois.

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