EDITORIAL Le Conseil fédéral et la majorité du parlement ont essuyé trois défaites ce dimanche. Elles s’additionnent à celles cette année sur la 13e rente et la révision de la LPP. On peut parler de défiance à l’égard des autorités
La défiance est plus forte que jamais à l’égard du Conseil fédéral et du parlement. Cette année, c’est le troisième dimanche de votations où les autorités subissent des défaites sur des sujets politiques de grande importance. Tout d’abord, il y a eu le coup de tonnerre du 3 mars avec l’introduction d’une 13e rente AVS, puis le 22 septembre le très net rejet de la révision de la Prévoyance professionnelle. Ce dimanche, c’est principalement le refus de l’extension des autoroutes qui marque les esprits, mais n'oublions pas les deux objets concernant la révision du droit de bail où le parlement avait tordu le bras au gouvernement opposé à cette double réforme.
Chaque fois, c’est la gauche (socialistes, Vert·e·s et syndicats) qui se retrouve dans le camp des vainqueurs, alors que le Conseil fédéral et la majorité bourgeoise des Chambres fédérales sont les perdants. Un scénario inhabituel dans l’histoire politique suisse qui prouve l’écart grandissant entre les préoccupations de la population et celles de la majorité des élus à Berne.
Jamais ces dernières années le parlement avait été autant dominé par les formations de droite. Auréolées de leur succès lors des élections de 2023, elles ont oublié la sacro-sainte tradition suisse du consensus et de la recherche des équilibres. Elles ne cessent de faire le forcing en refusant des contre-projets ou en menant une campagne pro-voiture très dure sans l’élargir à la mobilité globale.
Preuve que les Suisses restent très attachés à la culture du compromis: le financement uniforme des soins a, lui, été accepté.
Ces résultats s’expliquent aussi par le contexte général qui est celui de l’incertitude. Elle s’est encore agrandie ces derniers jours avec l’escalade entre la Russie et l’Ukraine, l’élection de Donald Trump et les fortes tensions au Proche-Orient.
Cette réalité augmente la méfiance et même la défiance à l’égard des autorités. D’autant que les Suisses craignent toujours plus pour leur pouvoir d’achat. Depuis des semaines, Karin Keller-Sutter et ses collègues ne cessent de leur répéter qu’il faut faire des économies. Couper partout. Et même si les 5 milliards supplémentaires pour les autoroutes avaient été pris dans un autre fonds, ce discours contradictoire a été sanctionné dans les urnes.
Après les votations, c’est le temps de la réflexion. Le PLR et le Centre devront plancher sur la manière de travailler à nouveau avec la gauche et les différents partenaires sociaux, sous peine de multiplier les défaites d’ici les élections fédérales de 2027.
Les élus auront-ils compris le message de la population? Réponse dès le 2 décembre, date d’ouverture de la session d’hiver des Chambres fédérales.