Institution parmi les institutions hôtelières suisses, le luxeux palace zurichois fête un nouveau jalon. L’occasion de se pencher sur sa légende, entre fastes et esclandres

Et voici les flûtes de champagne. Au rez-de-chaussée du Dolder Grand, le «Dolder» pour les intimes, une petite réunion de privilégiés assiste à l’inauguration d’un nouvel espace gastronomique: le Canvas Bar & Lounge. «Santé!», s’exclame Arnd Küchel, l’architecte du projet – également client régulier du palace. Quelques amuse-bouches circulent, avant que le sommelier ne glisse un Baby Negroni aux invités, qui fait lui-même place au «cocktail du chef». Cadeau d’anniversaire de l’hôtel à lui-même pour fêter ses 125 ans, le luxueux espace «séduit par son design avant-gardiste», dixit le Dolder Grand. Qui ne tarit pas d’éloges pour son dernier rejeton. «Comme si le bar était lui-même une œuvre d’art immersive, il se fond dans son environnement et devient une partie vivante de la remarquable collection d’art de l’hôtel.»

Rempli de tableaux et de sculptures, le Dolder Grand n’est en effet pas qu’un établissement prestigieux accueillant les grands de ce monde depuis plus d’un siècle, c’est un véritable musée – aux œuvres particulièrement éclectiques. Hodler, Dalí, Niki de Saint Phalle ou Keith Haring sont là. Tandis que le couloir menant au Canvas Bar & Lounge présente une partie de la collection de pancartes de sans-abri encadrées de l’artiste finlandais Jani Leinonen – «PLEASE HELP!», dit l’une d’entre elles. Rendez-vous du gotha international, le domaine qui surplombe Zurich est un monde à part disposant de ses propres codes. Un temple de l’abondance qui a accueilli Winston Churchill, Albert Einstein ou encore les Rolling Stones. Une Mecque prodigue dont la suite la plus prestigieuse («Herbert von Karajan», du nom du célèbre chef d’orchestre autrichien ayant appartenu au parti nazi) se monnaie à environ 15 000 francs la nuit. Et dont l’histoire récente raconte également certains travers de l’élite de l’élite. Tour du propriétaire.

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