Le parquet fédéral poursuit la société et trois individus, soupçonnant qu’un pacte corruptif ait été scellé à Genève. Les faits et leur qualification pénale seront contestés devant le Tribunal pénal fédéral, dès le 2 décembre
A partir du 2 décembre, se déroulera à Bellinzone un procès inédit. Pour la première fois, une multinationale comparaît devant le Tribunal pénal fédéral pour des faits de corruption. Et c’est le spécialiste genevois du négoce de pétrole Trafigura qui endosse le costume de prévenu pour n’avoir pas su, d’après le Ministère public de la Confédération (MPC), empêcher que des pots-de-vin soient versés dans le cadre de contrats conclus en Angola. Sur le banc des accusés se trouvent aussi l’ancien numéro deux de l’entreprise, Mike Wainwright, 51 ans, démissionnaire l’an dernier, peu avant son audition en qualité de prévenu; un intermédiaire suisse résidant à Dubaï, T. P., 59 ans; enfin, un ancien agent public angolais, Paulo Gouveia Junior, 65 ans. Tous sont présumés innocents.
Comportant 150 pages, l’acte d’accusation des procureurs fédéraux Grégoire Mégevand et Héloïse Rordorf-Braun se concentre sur la période de 2009 à 2011. Années fastes s’il en est pour la firme dans l’ancienne colonie portugaise, puisqu’elle détient un monopole sur les importations de carburants et investit massivement dans la logistique pétrolière. Le pays alors dirigé par son inamovible libérateur, José Eduardo Dos Santos, se classe 162e sur 180 sur l’index de perception de la corruption de Transparency International et tire la quasi-totalité de ses revenus des exportations d’hydrocarbures. Son successeur João Lourenço a estimé l’étendue de cette prévarication généralisée à 24 milliards de dollars.
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