La grande comédienne française joue avec les chimères du Seigneur de la Manche dans «Quichotte», spectacle de bric et de broc signé Gwenaël Morin, au Théâtre Saint-Gervais jusqu’à samedi

Des gamins dans leur grenier. Ils ouvrent le coffre au trésor. A l’intérieur, les nippes d’une fête ancienne et des feuillets d’Hypnos. Ils ont pris soin de détraquer l’horloge de l’aïeul: un tour de clé pour que les aiguilles rebroussent chemin. Au Théâtre Saint-Gervais à Genève jusqu’à samedi, Jeanne Balibar, Marie-Noëlle, Thierry Dupont et Léo Martin sont ces enfants du paradis. Ils empruntent à Don Quichotte les hardes de ses batailles imaginaires et les rejouent avec la gravité toquée qui convient, guidés par ce maître à jouer de Gwenaël Morin.

Qu’est-ce que ce Quichotte? Un art du comédien, d’abord, façon Arte Povera. C’est-à-dire aussi un répertoire de styles, de matières, de tonalités. L’esprit de Miguel de Cervantes y souffle bien, mais il ne faut pas s’attendre à un décalque de son chef-d’œuvre. Gwenaël Morin en suit le fil picaresque, histoire d’en expérimenter la sorcellerie. La fable est celle de tout lecteur digne de ce nom. Le très noble, mais pauvre Alonso Quichano se gave, jour et nuit, de romans de chevalerie. A force de tourner ces pages flamboyantes, il se sent ailé et c’est là que l’irrésistible Marie-Noëlle vous attrape au vol.

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