Dans un roman forcené, Agnieszka Szpila célèbre la force subversive d’une folie capable de bouleverser l’ordre patriarcal. Pour Olga Tokarczuk, Prix Nobel de littérature, ce livre est une «torpille», apte à «changer à jamais votre façon de penser»

En anglais, Hexes signifie «sortilèges, malédictions», et en allemand, les Hexen sont des sorcières. Hexes est un livre plein de fureur, d’humour, de chagrin et de rage, porté par une énergie dévastatrice. Il met en parallèle les sorcières qu’on brûlait autrefois et celles qui, aujourd’hui, sont des figures de subversion jusqu’à la folie. Le récit – c’est une des forces de ce livre étonnant – se glisse dans les interstices du temps où se croisent les maudites d’autrefois et d’aujourd’hui. Agnieszka Szpila promène son héroïne, Anna Szajbel, des plus hautes sphères de la société à l’asile psychiatrique, et de l’an 2025 dans une Pologne ubuesque à l’Allemagne de la guerre de Trente Ans et de l’Inquisition.

La métaphore d’un feu ravageur traverse tout le livre – feu des bûchers, feu intérieur, feu purificateur. On comprend qu’Olga Tokarczuk, Prix Nobel de littérature, ait comparé ce roman traversé de folie à une «torpille», apte à «changer à jamais votre façon de penser». On retrouve, chez Szpila, la colère de sa compatriote contre «les trois P: le pénis, la politique et le patriarcat», mais porté à un degré d’incandescence qui laisse stupéfait.

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