Gautam Adani, proche de Narendra Modi, est soupçonné d'être impliqué dans un système qui visait à obtenir des marchés dans l'énergie solaire au détriment d'Américains. Il n'a pas été arrêté, mais les actions de son groupe ont lourdement chuté

Réputé proche du pouvoir dans son pays, Gautam Adani a été inculpé mercredi par la justice américaine qui l'accuse d'avoir participé à un système de versement de centaines de millions de dollars de pots-de-vin. Le magnat indien de l'énergie n'a pas été arrêté, a précisé à l'AFP le parquet fédéral de Brooklyn.

Déjà accusé de fraude par le passé, le milliardaire est soupçonné d'être impliqué dans ce système qui visait à obtenir des marchés dans l'énergie solaire au détriment d'investisseurs aux Etats-Unis.

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Quelques heures après l'inculpation, les actions du groupe industriel indien Adani ont lourdement chuté jeudi à l'ouverture des échanges à la bourse de Bombay. Le cours de la holding Adani Enterprises a reculé de 10% tandis que celle de sa filiale Adany Energy Solutions, mise en cause par la justice américaine, a perdu près de 20%.

Un plan de corruption

L'homme d'affaires de 62 ans est accusé, avec sept co-inculpés, d'avoir participé entre 2020 et 2024 à un système de versements de pots-de-vins de plus de 250 millions de dollars (220,7 millions de francs suisses) à des fonctionnaires indiens pour remporter des marchés «d'une valeur de plusieurs milliards de dollars» dans le domaine de l'énergie solaire, a déclaré le procureur de Brooklyn, Breon Peace, dans un communiqué.

Selon le procureur, Gautam Adani, mais aussi l'un de ses neveux à la tête de son groupe, Sagar Adani, et un troisième responsable auraient également caché «ce système de corruption alors qu'ils cherchaient à lever des fonds auprès d'investisseurs américains et internationaux».

Gautam Adani a été inculpé de fraude en matière de valeurs mobilières et fraude électronique.

D'après l'accusation, les suspects auraient «largement documenté leurs actes de corruption», notamment Sagar Adani avec son téléphone portable. Gautam Adani aurait eu, lui, un rôle direct. Il «a rencontré personnellement un représentant du gouvernement indien pour mettre en place ce plan de corruption et les inculpés se sont rencontrés en personne pour discuter des aspects de sa mise en oeuvre», accuse le parquet.

Une proximité avec Narendra Modi critiquée

L'affaire jette de nouveau le trouble sur l'empire Adani, un conglomérat qui s'étend des mines de charbon aux ports et aéroports en passant par les médias, et qui a lancé depuis quelques années une vaste offensive sur les énergies renouvelables, un secteur stratégique pour l'Inde – pays le plus peuplé au monde et troisième émetteur de gaz à effet de serre. Dans son Etat natal du Gujarat, le groupe a notamment lancé le projet du plus grand parc d'énergie renouvelable au monde, mesurant cinq fois la superficie de Paris.

Les partis d'opposition et d'autres critiques accusent depuis longtemps l'homme d'affaires réputé introverti d'avoir profité de sa relation avec Narendra Modi, originaire comme lui du Gujarat, pour remporter des marchés de manière déloyale et d'éviter un contrôle approprié sur son entreprise.

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En 2023, son groupe a été accusé de «manipulation éhontée» de ses propres actions ainsi que de «fraude comptable sur plusieurs décennies» par la société d'investissement américaine Hindenburg Research. Gautam Adani avait rejeté ces accusations, mais son groupe avait vu sa valeur boursière amputée de plus de 150 milliards de dollars (132,4 milliards de francs suisses) et l'homme d'affaires avait vu sa richesse personnelle s'effondrer d'environ 80 milliards de dollars (70,62 milliards de francs suisses). Depuis, le magnat et son entreprise ont compensé une grande partie de ces pertes.