ÉDITORIAL. Produit vedette d’une certaine vision du plaisir à table, la spécialité française sera l’objet d’une votation cristallisant une profonde différence culturelle dans le pays. Mais il ne peut pas être la victime expiatoire d’une discussion plus large sur l’alimentation
Vous le voyez, le tableau? Vous le sentez peut-être aussi. Une table des Fêtes, des guirlandes et des bougies, de bons vins, des plats appétissants. Parmi eux, du foie gras. Dans le rapport d’amour-haine entre Romands et Français, voilà bien une exception, ou en tout cas un point de convergence. Le foie gras, rendez-vous naturel entre fin décembre et début janvier, et aussi parfois au menu de bonnes, voire grandes, tables. On sait bien que l’on fait souffrir des animaux pour obtenir ce délice, mais, que voulez-vous, on ne va quand même pas renoncer à la tradition, non? Foi de Romand, on ne va pas se laisser imposer un diktat gustatif par ces Alémaniques qui n’y connaissent rien!
Voici – un peu grossièrement dressé peut-être – un portrait-robot de celles et ceux qui voteraient non à l’initiative pour l’interdiction de l’importation du foie gras. Une majorité de la Suisse romande en phase avec son voisin occidental, premier producteur et consommateur mondial. La votation, l’an prochain, constituera-t-elle une nouvelle bizarrerie de la démocratie directe helvétique?
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