L’humoriste Pierre Palmade avait causé un accident de circulation en février 2023 faisant trois blessés graves et provoquant la perte de son enfant d’une femme enceinte. Il comparaît dès ce lundi

Le procès de l’humoriste Pierre Palmade, jugé pour blessures involontaires aggravées près de deux ans après le grave accident routier qu’il a provoqué sous l’emprise de stupéfiants, s’est ouvert mercredi matin devant le tribunal correctionnel de Melun, en région parisienne.

Entré dans le tribunal par une porte dérobée pour échapper à la nuée de caméras, Pierre Palmade est assis sur le banc des prévenus entre ses avocats, teint livide, visage creusé, vêtu d’une veste noire sur une chemise blanche. Appelé à la barre à l’ouverture de l’audience correctionnelle, il y a décliné son identité d’une petite voix.

Pierre Palmade à Paris, juin 2019. — © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Pierre Palmade à Paris, juin 2019. — © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

En état de récidive légale en raison d’une condamnation en 2019 pour usage de stupéfiants, il encourt une peine de quatorze ans d’emprisonnement et 200 000 euros d’amende.

Le drame, un jour de février 2023

Le 10 février 2023 en fin de journée, cet homme de théâtre et de télévision prend le volant pour aller faire des courses, après plusieurs jours de fête et de consommation débridée de drogues. Sur une route du sud du département de Seine-et-Marne, sa voiture percute un véhicule venant en face.

Yuksel Yakut, l'une des victimes, arrive au tribunal, 20 novembre 2024. — © THOMAS SAMSON / AFP
Yuksel Yakut, l'une des victimes, arrive au tribunal, 20 novembre 2024. — © THOMAS SAMSON / AFP

Outre le comédien alors âgé de 54 ans, l’accident fait trois blessés graves d’une même famille: un homme de 38 ans, son fils de six ans et sa belle-sœur de 27 ans, qui perd après le choc le bébé qu’elle attendait.

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Un accident de la route parmi les 52 000 recensés en France métropolitaine cette année-là. Mais du fait de la notoriété du mis en cause, cette collision-ci va exploser en une tempête médiatique d’une rare intensité. Au fil des révélations en cascade sur le mode de vie et les addictions de cet artiste à la dérive, le grand public découvre avec stupeur la face sombre d’un humoriste populaire, bien qu’un peu passé de mode, qui mettait en scène depuis 30 ans sa lutte contre ses terreurs existentielles.

L’homicide involontaire non retenu

Après une grosse année d’information judiciaire, la juge d’instruction a renvoyé fin mai Pierre Palmade devant le tribunal correctionnel de Melun pour blessures involontaires, aggravées par la prise de drogues.

Devant le tribunal de Melun, 20 novembre 2024. — © THOMAS SAMSON / AFP
Devant le tribunal de Melun, 20 novembre 2024. — © THOMAS SAMSON / AFP

Elle n’a pas retenu la qualification d’homicide involontaire, que le parquet avait requise pour la perte du fœtus en estimant que cette épineuse question à la confluence de la bioéthique et du droit méritait un «débat devant la juridiction de jugement».

Une revue de presse: Pierre Palmade, le crash du cocaïnomane invétéré

Le débat sur la question du bébé

«Ce choix du magistrat instructeur est à mon sens hautement contesté et contestable, il doit donc être discuté», a déclaré l’avocat des trois victimes de l’accident, Me Mourad Battikh, en début d’audience.

Dans la foulée de l’accident, le bébé est extrait en urgence par césarienne du ventre de sa mère à six mois de grossesse, mais déclaré mort après 32 minutes de réanimation, sans avoir donné de signe de vie extra-utérine.

Or, selon une jurisprudence constante de la Cour de cassation, plus haute juridiction de l’ordre judiciaire en France, un enfant qui n’est pas né vivant n’existe pas en tant que personne légale. «Dans ce dossier, tout le monde est d’accord pour contester une jurisprudence absurde», a estimé Me Battikh.

Saturé de cocaïne et de 3MMC

En cette fin de journée de février 2023, Pierre Palmade a une importante quantité de cocaïne et de 3MMC (une drogue de synthèse) dans le sang lorsqu’il prend le volant avec deux compagnons de «bringue», qui n’ont pas été poursuivis.

Son heure de gloire des années 1990-2000 derrière lui: lourdement endetté, l’humoriste est tellement englué dans sa toxicomanie qu’il n’arrive plus à travailler.