Du pain au fromage en passant par le vin, une équipe a décortiqué une vingtaine de filières pour estimer les profits des producteurs, transformateurs et détaillants. Une démarche inédite qui brise l’omerta

En Suisse, on parle souvent du secret bancaire, moins du secret agroalimentaire. Et pourtant, de nombreux acteurs dénoncent l’opacité des prix et des marges. Sur les 5 francs déboursés pour un morceau de tomme vaudoise, combien de centimes sont versés à l’épicerie de quartier ou au supermarché, combien au producteur de lait, combien au fromager?

Afin de lever une partie du voile, Vaud, deuxième plus grand canton agricole du pays, a mandaté l’Université de Lausanne (Unil). Publié cet été, et passé curieusement inaperçu, le rapport «Transparence économique de produits agricoles en Suisse romande» décortique 26 filières, du pain mi-blanc à la botte d’oignons en passant par la bouteille de chasselas. Les revenus, coûts et profits de chaque acteur sont dévoilés. Une approche inédite en Suisse romande, avec un échantillon modeste (36 entreprises) mais une grande ambition: «rééquilibrer les dynamiques de pouvoir», confie Inès Burrus, directrice d’Equal Profit et coautrice du rapport.

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