Une enquête de gfs.bern révèle une adhésion majoritaire à la liberté d’orientation sexuelle. Un soutien théorique qui s’érode toutefois lorsqu’il s’agit de visibilité au quotidien, ou des personnes transgenres et intersexuées
La population suisse éprouve majoritairement de la sympathie et de la compréhension pour les personnes homosexuelles, lesbiennes et bisexuelles. C’est en tout cas ce qui ressort d’une enquête publiée ce mercredi 20 novembre.
Mandaté par Amnesty International, Queeramnesty, Dialogai et les associations faîtières TGNS, InterAction, Pink Cross et LOS, le sondage de gfs.bern révèle toutefois que les préjugés et intolérance persistent dans certains pans de la société, notamment envers les personnes transgenres et intersexuées. Les réticences et les préjugés sont clairement plus prononcés à leur encontre, note Cloé Jans, de gfs.bern.
Selon l’enquête, les attitudes positives envers la communauté LGBTQIA +sont largement répandues, en particulier au niveau des valeurs et des libertés individuelles. Mais dès qu’il s’agit de bases juridiques concrètes, de réglementations institutionnelles ou encore d’aménagements pratiques, l’ouverture et la volonté de soutien diminuent. De même lorsqu’il s’agit de la visibilité des différents modes de vie au quotidien.
«Les hommes, les personnes âgées, celles qui se déclarent à droite ou ont des convictions religieuses auront tendance à moins s’intéresser aux préoccupations et aux défis des personnes LGBTQIA +et à montrer des attitudes de rejet. De manière générale, l’opinion selon laquelle ces questions prendraient trop de place dans le discours public, médiatique et politique est relativement répandue», explique Cloé Jans.
Globalement, une majorité de la population reconnaît l’expression de l’orientation sexuelle comme un droit humain. Mais dans le même temps, la moitié de la population est dérangée par le fait que deux hommes s’embrassent en pleine rue. «Il existe un certain écart et une certaine contradiction entre l’adhésion théorique aux valeurs et l’acceptation pratique au quotidien», souligne Marc Schmid, de Queeramnesty.
Une personne sur trois de la communauté LGBTQIA +dit avoir subi des violences physiques ou sexuelles au cours des cinq dernières années. Une part importante des personnes interrogées dit faire régulièrement l’expérience de la discrimination. Selon l’étude de prévalence menée auprès de la communauté LGBTQIA +, s’appuyant sur une enquête de référence dans l’Union européenne, le niveau de violence et de discrimination est supérieur en Suisse à la moyenne européenne. Le domaine de la santé serait particulièrement touché.
«Certes, la visibilité croissante des personnes LGBTQIA +auprès du public ainsi que les progrès dans le droit et la législation ont contribué à réduire les préjugés, l’intolérance et la violence. Mais l’agitation politique dirigée contre les personnes trans et intersexes réduit en partie ces progrès à néant», juge Marc Schmid.
En conséquence, les organisations demandent des mesures urgentes de protection aux politiques et aux autorités pour prévenir la violence et la haine, et pour une plus grande acceptation des groupes minoritaires au sein de la société. Elles réclament notamment une extension de la norme pénale anti-discrimination aux personnes trans et à celles présentant des variations des caractéristiques sexuelles, des points de contact institutionnalisés, un plan d’action national contre les crimes de haine et une collecte de données régulière, financée publiquement.
Les autorités suisses doivent par ailleurs reconnaître leur responsabilité dans la protection des personnes LGBTQIA +et agir activement contre toutes les formes de violence et de discrimination queerphobes.