Wassim Halal et l’ensemble Puspawarna associent la darbouka d’Afrique du Nord au gamelan indonésien. Il fallait y penser, et c’est réussi

Où les Cyclopes habitaient-ils? D’après Thucydide: au pied de l’Etna. D’après d’autres, jamais bien loin du volcan, et toujours en Sicile. Polyphème était le plus célèbre d’entre eux – c’est celui à qui Ulysse a réglé son compte. Polyphème, c’est aussi le nom d’un étrange et passionnant projet musical. D’inspiration sicilienne? Pas du tout. Il réunit Wassim Halal à la darbouka (cet instrument à percussion très répandu en Afrique du Nord) et le gamelan Puspawarna – par gamelan, on entend cet ensemble instrumental d’origine indonésienne qui réunit tambours, cymbales, xylophones, pierres chantantes, cordes frottées quelques fois. Pourquoi Polyphème, alors? Peut-être en vertu d’un caractère éruptif partagé.

Associer les arts de la darbouka et du gamelan, a priori séparés par plusieurs méridiens, c’est chercher des points de jonction, de convergence. Il y en a plusieurs, et principalement ce qu’on pourrait définir comme une circularité rythmique dont les portions d’orbite sont faites d’une constellation de syncopes. Ecoutez Le Rêve de Polyphème, publié début octobre dernier par cette formation hybride: c’est une suite d’improvisations (longues parfois, 19 minutes par exemple pour «L’Heureux loup», en entame du disque) qui cavalcadent avec la précision d’une machine à vapeur – et sa respiration affûtée.

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