Dans une petite ville hongroise, un très grand cinéma à l’abandon prend la poussière. La narratrice de «Voir plus loin», d’Esther Kinsky, va tenter de le faire revivre
«Chaque cinéma a une atmosphère et une aura particulières, qui ne se laissent pas définir aisément, encore moins se rattacher à quelque chose de concret.» Le sentiment qui anime la narratrice de Voir plus loin lorsqu’elle pénètre pour la première fois au Mozi, un cinéma désaffecté situé dans une petite ville hongroise, est en effet insaisissable. Dans cette localité de l’Alföld, vaste plaine qui s’étend sur plusieurs pays, tout manque: c’est une «contrée de l’absence». Mais au centre se trouve ce cinéma, étonnamment grand. Il est laissé à l’abandon et suscite la curiosité de la narratrice.
Sans doute est-elle touchée par son «odeur pas très saine mais pleine de souvenirs d’enfance de lieux de villégiature où la chaleur de l’été saturait chaque pore, chaque fibre.» Elle décide de l’acheter et de le rénover pour le faire vivre à nouveau. La venue de cette étrangère dans le village et son projet fou suscitent au mieux l’indifférence, au pire les mines moqueuses des habitants.
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