Premier long métrage d’Agathe Riedinger bombardé en compétition à Cannes, «Diamant brut» tire le portrait d’une jeune fille dont le seul rêve est d’être «castée». A horizon navrant, film limité

A 19 ans, Liane s’évade de la morne réalité de sa banlieue de Fréjus (entre Cannes et Toulon) en rêvant grand: devenir une vedette de la téléréalité. A la voir toute petite sur ses talons hauts, physique déjà augmenté au niveau de la poitrine mais visage quelconque, on ne donne pas forcément cher de ce rêve. Sa mère, célibataire et endettée, s’en moque et la rabaisse à la moindre occasion. Les trois copines avec qui elle traîne hésitent entre solidarité, ironie et jalousie. Seule sa petite sœur toute rondelette ne fait déjà que l’imiter. Alors, le jour où, répondant à une petite annonce, elle candidate pour Miracle Island (tournage à Miami) et repart avec la promesse standard qu’on la rappellera, peut-elle vraiment y croire? Ou bien ferait-elle mieux de tout miser sur l’intérêt sincère que lui porte Dino, un beau gars qui a les pieds sur terre depuis un passage par la case prison?

Un tel personnage se présente d’emblée comme un défi au public: faut-il s’en moquer, la plaindre ou partager son rêve? Pendant l’essentiel du film, la cinéaste paraît elle-même hésiter. Après tout, cette ambition d’arriver par une industrie qui traite les personnes comme des kleenex, cet idéal d’une beauté stéréotypée et hypersexualisée ne sont que trop typiques d’une jeunesse gâchée par le déclassement social. Pourtant, Agathe Riedinger doit bien l’aimer cette jeune «pétasse» (selon les autres gars du coin), pour avoir passé sept ans sur ce projet, déjà esquissé dans son court métrage J’attends Jupiter (2018)! Et c’est vrai que l’obstination de Liane, alors même que les semaines passent et que le rappel tant attendu tarde à venir, la rend presque attachante.

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