Un gérant de fortune, accusé d’avoir siphonné les avoirs d’un membre de la famille royale d’Arabie saoudite, affirme avoir agi avec l’aval du plaignant. Trop mal en point pour venir s’expliquer, le prévenu obtient le report de son procès. Récit d’une première escarmouche

Plus les sommes en jeu sont considérables, plus les audiences se compliquent. Celle qui s’est tenue ce lundi devant le Tribunal correctionnel de Genève ne fait pas exception. A l’ouverture des débats, les protagonistes de l’histoire brillent par leur absence. Le plaignant, le prince Fahad Al Saud, 76 ans, membre de la famille royale d’Arabie saoudite, qui avait été pilote de chasse avant d’œuvrer au sein du Ministère de la défense, puis de siéger dans les hautes sphères de l’aviation civile, a été dispensé en raison de problèmes de santé. Quant au prévenu, 67 ans, accusé de s’en être mis plein les poches alors qu’il dirigeait la structure gérant les avoirs de son Altesse depuis les bords du Léman, il s’est aussi fait porter pâle, certificats médicaux à l’appui. Cela n’empêchera pas un premier round où les avocats s’écharpent et donnent un avant-goût de la suite.

On l’aura vite compris, les versions divergent diamétralement dans cette affaire. Le prévenu, retourné vivre dans son Egypte natale depuis que ses biens ont été séquestrés, affirme avoir prélevé et dépensé tout cet argent avec l’accord princier. «Rien n’a été fait à l’insu de la partie plaignante et tout a été convenu oralement», martèle déjà la défense, assurée par Mes Olivier Cramer et Nicola Meier. Au nom de Fahad Al Saud, Mes Christophe Emonet et Nicolas Herren dépeignent au contraire un véritable filou ayant mis en place un système sophistiqué pour masquer ses malversations. «Il a trafiqué la comptabilité, il a utilisé des hiéroglyphes et il a licencié les employés qui posaient trop de questions. C’est un comédien et sa vie entière est un mensonge.»

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