C’est un serpent de mer comme le système de santé suisse en produit régulièrement: le dossier électronique du patient souffre d’un désintérêt général, malgré les pressions politiques et son coût. Jusqu’à quand?

Qui a déjà ouvert un dossier électronique du patient (DEP)? Si votre réponse est négative, vous faites partie des quelque 99,2% de la population qui n’a pas encore sauté le pas. Avec 76 795 dossiers ouverts à fin octobre – soit l’équivalent de la ville de Saint-Gall –, difficile de ne pas parler de flop sept ans après l’introduction de la loi fédérale sur le dossier électronique du patient (LDEP). Un échec confirmé dans un rapport rendu public l’an dernier et commandé par Cara, association qui gère les DEP pour cinq cantons romands. L’étude est accablante pour cet outil: trop difficile à ouvrir, pas utile et peu utilisable dans son état actuel. Pire, «deux tiers des patients inscrits dans le cadre de cette évaluation ne se sont jamais reconnectés à la plateforme par la suite», relèvent les auteurs.

De son côté, le Contrôle fédéral des finances a enfoncé le clou ce printemps avec un audit qui montre que «les problèmes se sont aggravés» depuis 2019. Le souci majeur est dû aux «principes de base inscrits dans la loi, il y a une dizaine d’années, comme une organisation décentralisée de droit privé du DEP», relèvent les auteurs de l’audit. Pour contourner cet écueil, le Conseil fédéral a décidé de centraliser l’infrastructure technique fin septembre. La Confédération va donc devoir s’impliquer fortement dans la gestion de cet outil pensé et mis sur le marché avec la volonté de faire jouer la concurrence. Le basculement est donc assez radical.

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