Elle ne devrait pas tarder à être accrochée « en bonne place ». Jeudi en fin d’après-midi, une plaque du Club des mécènes de l’Aube a été remise au syndicat pressoir et alambic de Précy-Saint-Martin, symbole du soutien financier reçu pour son dernier investissement : l’acquisition d’un nouvel alambic. Une petite révolution pour un grand événement. Voilà plus de 70 ans que le matériel n’avait pas été renouvelé !
Retour dans les années 1940 et 1950. L’association, créée le 12 avril 1931, s’était initialement installée dans une maison détruite durant la Seconde Guerre mondiale. Reconstruit rue du 27-Août-1944, l’atelier, devenu une véritable institution locale, a pu poursuivre son activité grâce à l’achat d’un alambic d’occasion à la commune de Blaincourt-sur-Aube. Mais après plusieurs décennies de bons et loyaux services, son usure a quelque peu perturbé la dernière campagne de distillation. « J’ai été obligé de faire intervenir un réparateur plusieurs fois (soudures pour les fuites sur cuve, réparation du serpentin, joint du couvercle, fermeture du couvercle). En fait, le fond incurvé est tellement fin que c’est usé, par les années de fonctionnement, et par le fait de chauffer. L’acidité des fruits attaque le cuivre », explique Éric Simonnin, distillateur. « D’autres réparations (onéreuses) étant à prévoir, (…) pour assurer un travail continu et de qualité », souligne la présidente Michèle Vitry, le syndicat s’est mis en quête d’un matériel de remplacement.
Pas si simple ! « On a cherché pendant plusieurs années. Introuvable ou alors des trucs impossibles », pointe Roland Pailley, vice-président. Et, coup de chance inouï, grâce à une information des douanes, ils apprennent qu’un syndicat agricole aux portes de la distillerie traditionnelle, à Auzon-les-Marais (commune de Val-d’Auzon), arrête son activité et cède son matériel « en bon état ». Le tout pour un montant attrayant de 1 000 euros. « On a couru tout de suite », explique-t-il en souriant. L’autorisation d’acquisition accordée par la direction régionale des douanes de Reims, et quelque 1 000 euros de dépenses supplémentaires pour adapter le nouvel alambic à la disposition du local, et la campagne de distillation 2024-2025 pouvait s’ouvrir avec un équipement efficient et fiable vite inauguré. « On l’a mis tout de suite en route ! » 36 adhérents l’ont déjà testé. Et de nouveaux devraient être accueillis dans les prochaines semaines. « C’est 150 à 260 litres d’alcool pur, alors que l’année précédente, j’en ai fait 450 litres pour une centaine de clients, compare Éric Simonnin. Parce qu’il y avait plus de fruits. »
Reste que la suppression des droits d’accises depuis janvier 2024 – qui permet l’exonération de droits jusqu’à 50 litres d’alcool pur – laisse espérer au syndicat « une augmentation de la clientèle les années à venir. Cela peut inciter les gens à planter des vergers participant ainsi à l’identité locale des communes et constituant une richesse et vecteur de savoir-faire, fait valoir Michèle Vitry. C’est la volonté de faire vivre le village. (…) Des visites sont organisées par petit groupe, des anciens distillateurs sont présents en renfort pour expliquer le principe de la distillation. C’est aussi le rôle éducatif de notre projet », qui a su séduire le Club des mécènes de l’Aube. « Grâce à des bénévoles qui s’investissent pour garder le patrimoine humain, relève l’un de ses membres, Frédéric Gateau, on a une activité qui anime toute une histoire de culture, de verger, et de passion » bientôt centenaire ! Le rendez-vous est déjà donné « en 2031 pour célébrer les 100 ans » de l’association.