« Je vous remercie pour votre assiduité », a introduit le maire, Joseph Afribo. La dernière assemblée plénière conseil local de prévention de la délinquance (CLSPD) s’est déroulée jeudi dernier. L’occasion d’un premier bilan pour cette structure née il y a tout juste un an. Autour de la table, tous les acteurs du social, de l’ordre et de la justice, du sous-préfet de Rethel David Hicham à la procureure de la république, Magalie Josse, sans oublier le commandant Bach de la compagnie de gendarmerie de Rethel, la représentante d’Habitat 08, la police municipale…

Un annuaire pratique à destination de la population

Le premier acte fondateur de ce CLSPD sera l’impression d’un petit annuaire, qui sera mis à la disposition de la population pour permettre de joindre plus facilement tous les services. Mais l’accent a surtout été mis sur les violences intrafamiliales et la lutte contre les addictions. « Nous avons deux groupes qui se sont réunis à deux reprises », a précisé le coordinateur de ce CLSPD, l’agent de la police municipale, Julien Chiarenza.

Suffisant pour faire émerger des propositions concrètes afin de lutter contre ces deux fléaux. En premier lieu, la création d’un hébergement d’urgence pour les personnes victimes de violences intrafamiliales. « Typiquement, si on intervient et que l’auteur des violences est absent, on peut mettre les victimes à l’abri le temps de son interpellation », explique le brigadier-chef de la police municipale, Jérôme Mareiro.

Déjà de premiers accomplissements…

Cet appartement, au sein d’une résidence sécurisée du centre communal d’action sociale permettra de « gérer l’urgence » et pourra être disponible dès l’approbation du conseil municipal obtenue. Sur le volet de lutte contre les addictions, la police municipale a déjà été formée à l’utilisation de la naloxone, « cela nous a été très utile. On en aura toujours sur nous. Cela peut nous permettre de sauver une vie si l’on tombe sur quelqu’un qui fait une overdose », résume Julien Chiarenza.

… Mais il reste beaucoup à faire

Le commandant Bach en a profité pour donner un bilan chiffré de l’activité des forces de gendarmerie. « Sur l’arrondissement, on a recensé 1 300 crimes et délits, soit une augmentation de 5 %. La majorité se sont déroulés sur Rethel, près de 1000, mais c’est aussi à cause des délits routiers sur l’A34 qui sont intégrés dans ces chiffres », a-t-il expliqué. Il recense 845 interventions cette année, précisant que 99 % des interpellations ont donné lieu à une mise en garde à vue.

Les ivresses manifestes sur la voie publique sont « en baisse sérieuse même si ce sont souvent les mêmes », de 37 à 25 cette année. Le nombre de dégradations ou destructions de biens diminue aussi de 48 à 33. En revanche, les vols et cambriolages augmentent, de 136 à 161. Relatant les faits graves de rixes à la Pertinguette, le maire a tempéré : « il ne faut pas noircir le tableau. (…) Tous les lots que la Ville avait à vendre dans le quartier sont partis ».

« On gagne des points collectivement », estime la procureure

Quelques statistiques étaient toutefois encourageantes. « Serait-ce déjà dû au CLSPD ? En tout cas, le nombre de faits de violences intrafamiliales recensées a baissé, de 212 l’an dernier on est passés à 88 », a souligné le commandant. Il précise que 76 % des victimes étaient des femmes l’an passé, 80 % cette année. Les auteurs sont majoritairement des hommes âgés de 25 à 44 ans.

« Dans la majorité des cas, l’état d’ivresse de l’auteur est une circonstance aggravante, précise la procureure de la république, Magalie Josse. Nous avons identifié les points sensibles, les vendredis soirs, les périodes de vacances scolaires… Je crois que les voisins hésitent aussi moins à appeler les forces de l’ordre. On gagne des points collectivement ».

Des projets en route pour 2025

Pour 2025, le CLSPD envisage néanmoins des cours de self-défense réservés aux femmes, « car ce sont les plus ciblées et cela peut permettre de délier les langues », estime Jérôme Mareiro. Le dispositif Angela, mis en place à Charleville-Mézières notamment, devrait également être déployé dans les commerces de Rethel. Un autocollant en vitrine permettra aux victimes de s’y signaler. « On n’en est qu’aux prémisses, car cela nécessite un maillage assez complet », a tempéré le sous-préfet de Rethel, David Hicham, mais c’est en bonne voie.

Enfin, l’adjointe aux affaires sociales, Pierrette Stévignon, en a profité pour lancer l’idée d’une semaine de la santé au centre communal d’action sociale, dont les contours ne manqueront sans doute pas de se préciser dans les prochains mois.

Appartement refuge, dispositif Angela, semaine de la santé… Les projets pour prévenir la délinquance à Rethel