Il y avait tout dans cette histoire pour en faire un résumé de l’actualité française selon les acteurs de cette comparution immédiate au tribunal judiciaire de Soissons, ce lundi 17 mars 2025.
Un, un duo de prévenus, interpellés dans le quartier Saint-Crépin à Soissons, jeudi dernier. La prévention ? transport, détention, offre ou cession de stupéfiants. Les deux avaient également l’acquisition, mais le tribunal les a relaxés de ces faits.
Deux, le duo est un maillon de ce qui est caractérisé au plus haut niveau de l’État, comme un des premiers maillons de ce monde des « narcos trafiquants » comme l’appellera dans ces réquisitions, le substitut de la république, Aymard de Lamberterie. Ici, les policiers en uniforme et ceux en civil ont établi que le coin du boulevard du maréchal Lyautey et celui de Jean-Mermoz abritent un point de deal. Une surveillance assez longue permet d’identifier deux individus qui sont systématiquement aperçus avec un comportement ressemblant à celui d’un pourvoyeur de stupéfiants.
« Entre 10 et 30 clients sont venus ici à chaque fois que la police planquait, et certains en repartant, ont été contrôlés par la police, et trouvés en possession de stupéfiants », expliquaient à la fois la présidente de l’audience et le substitut du procureur.
Et trois, un des acteurs, Idir Kadri, est un Algérien, né de l’autre côté de la Méditerranée il y a 25 ans, et sous le coup d’une OQTF, la fameuse obligation de quitter le territoire français. Et en attendant cela, il devait respecter une assignation à résidence. Qu’il n’a pas respecté.
Après tout le monde présent dans la petite salle d’audience a très vite compris que ce duo n’était pas la tête de réseau. « On a retrouvé que 340 euros chez l’un, et 900 euros chez l’autre, dont une partie est l’argent destiné aux vacances de ces enfants », a précisé Me Mehdi Soum, avocat du barreau de Paris, déjà venu ici défendre le couple chez qui la police avait saisi en février 2024, plus de 40 kg de stupéfiants.
Dans sa plaidoirie, l’avocat a tenté de persuader le tribunal d’examiner les affaires l’une après l’autre, chaque rendez-vous relevé par la police. Et non, l’affaire dans sa globalité. D’autant plus que le duo – et cela n’a pas joué en leur faveur – avait été condamné en 2024 à Soissons, pour des infractions à la législation sur les stupéfiants. D’où leur passage ce lundi, en état de récidive légale.
Ce que le substitut a rappelé lors de ses réquisitions : « Ici, nous sommes au début de ce que l’on nomme les narcos trafiquants. Il n’y a pas de victimes immédiates mais un désastre plus insidieux. Sans parler du trouble à l’ordre public autour de ce point de deal. » D’où des réquisitions lourdes, 3 ans demandés à chacun d’eux.
Lorsque leur avocat, Me Soum a pris la parole, toute la salle l’a senti un peu décontenancé. Mais combatif : « Il n’y a pas grand-chose dans ce dossier, excepté que mes clients sont souvent sur leur parking ! Il vous faut donc avoir l’esprit critique. Un de mes deux clients était dans son appartement depuis un mois et demi, et ce que l’on a retrouvé semble appartenir au précédent locataire, un toxico notoire… »
Par Stéphane Massé