La sédentarité, c’est la mort — au sens propre. Faire trois heures de vélo par semaine, par exemple pour aller au travail, réduit les risques de mortalité de 40%, et ce malgré les particules fines que respirent les cyclistes. A Genève, 429 médecins ont signé une pétition pour accélérer la construction de pistes cyclables, principal vecteur de mobilité active. Devinez ce qu'il s'est passé.

Si comme moi vous comptez sur Heidi.news pour comprendre le monde qui nous entoure, je me permets de vous remettre en mémoire deux de nos Explorations. D’abord, celle intitulée «La montagne en courant», en 2019. L’auteur, Charlie Buffet, racontait comment il avait vendu son âme au trail, après avoir longtemps été un montagnard lesté de cordes, piolets, sac à dos et lourdes chaussures. Et surtout, il développait, au fil des épisodes, cette découverte des paléoanthropologues: c’est la course qui nous a définis, nous autres humains, en tant qu’espèce, plutôt que la simple marche.

Nos ancêtres ne se promenaient pas dans les bois à l’affût de leurs proies, ils couraient. Les messagers des postes de l’empire romain ne passaient pas les cols alpins au pas de l’âne, ils couraient. «Il fut un temps où nous étions les meilleurs coureurs d'endurance de la planète, écrit l’auteur Christopher McDougall dans le New York Times. Nous n'avions ni crocs, ni griffes, ni force, ni vitesse, mais l'élasticité de nos jambes et notre capacité inégalée à refroidir notre corps en transpirant plutôt qu'en haletant nous permettaient de poursuivre nos proies jusqu'à ce qu'elles tombent d'épuisement sous l'effet de la chaleur. Certains pensent que la collaboration lors de ces chasses a conduit au langage, puis au partage de la technologie. On peut dire que la course à pied a fait de nous les maîtres du monde.»

Quant à la deuxième Exploration que j’invoque ici, plus récente, c’est «Minceur sur ordonnance», de notre grand reporter Fabrice Delaye, laquelle fera bientôt l’objet d’un livre publié aux éditions Odile Jacob à Paris. «Une saga de Nobel, de dollars et de tripes, avec ses monstres et ses génies», écrit-il. On y découvre l’extraordinaire potentiel de la molécule GLP-1 pour lutter contre l’obésité et le diabète. Les médicaments qui en sont issus sont célèbres, comme l’Ozempic ou le Mounjaro, et les deux sociétés qui les produisent, la danoise Novo Nordisk et l’américaine Eli Lilly, cumulent plus de mille milliards de dollars de capitalisation boursière au moment où j’écris ces lignes. C’est une fortune basée sur notre surpoids.

Ne pas bouger nous tue

Car voilà. Les immenses progrès techniques accomplis par l’espèce humaine ces deux derniers siècles ont un sombre revers: l’immobilisme. Nous avons trouvé d’autres moyens d’être les maîtres du monde mais au volant de nos voitures, au bureau, à table et sur nos canapés, nous avons cessé de bouger et prenons du poids.

C’est un immense problème de santé publique.

En Suisse, 52% des hommes et 34% des femmes (43% tous sexes confondus) sont en surpoids, voire obèses, selon la dernière enquête de l’Office fédéral de la statistique. Laquelle relève aussi que les hommes helvètes ont pris, en moyenne, 5,5 kilos en 30 ans. Les proportions sont similaires pour le reste de la planète, où la surcharge pondérale cause 4 millions de décès précoces par an, pour deux tiers en raison de maladies cardiovasculaires.

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