Samedi, les rues de la capitale serbe ont été submergées par des centaines de milliers de personnes, venues protester contre la corruption du régime en place. Alors que cet événement historique couronne plus de quatre mois de mobilisations exceptionnelles dans tout le pays, le président Aleksandar Vucic, lui, continue de s’accrocher.

Vues du ciel, les images sont impressionnantes. Samedi 15 mars, une foule gigantesque s’est rassemblée dans la capitale serbe contre la corruption du régime au pouvoir. Les places, les artères et les petites rues du centre-ville de Belgrade ont été submergées par des centaines de milliers de manifestants, 107'000 selon le ministère de l’Intérieur, et environ 300'000 d’après un organisme de comptage indépendant.

Cet évènement, d’une ampleur historique, couronne quatre mois et demi de mobilisations menées par les étudiants, après l’effondrement d'un auvent en béton dans la gare de Novi Sad (nord), qui a fait quinze morts le 1er novembre. Beaucoup de Serbes ont attribué cette tragédie à la corruption du Parti progressiste (SNS), au pouvoir depuis treize ans. «Nous ne permettrons plus à la corruption de mettre en danger la vie de quiconque», a lancé ce samedi une étudiante, sous les acclamations de la foule immense.

A 19 heures, les manifestants ont observé quinze minutes de silence en hommage aux victimes de Novi Sad. «C’est une des choses les plus impressionnantes auxquelles j’ai eu l’honneur d’assister dans ma vie», nous raconte David Laufer, auteur d’une série sur l’Ukraine pour Heidi.news, qui vit à Belgrade.

Pourquoi c’est important? Samedi, la Serbie a écrit une nouvelle page de son histoire. Jamais un tel rassemblement n’avait eu lieu depuis l’arrivée au pouvoir du président Aleksandar Vucic, il y a plus de dix ans. C’est même l’une des plus grandes manifestations de l’histoire moderne du pays. Dans la capitale, «l’atmosphère de ce début de printemps a quelque chose de pré-révolutionnaire», écrit le correspondant de Libération.

Quelle qu’en soit l’issue, «ces manifestations ont gagné, c’est certain. Elles ont réussi à fédérer tous les citoyens dans un rejet total du pouvoir. Elles ont montré que la population est prête à avoir un pays gouverné par une authentique démocratie. Pour Vucic et ses proches, il n’est plus question de pouvoir gagner une élection à l’avenir», observe à son tour David Laufer.

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