En Islande, les histoires font figure de trésor national, en particulier les fameuses sagas riches en glorieux faits d’armes et découvertes vikings. Elles sont sur toutes les lèvres, dans les bibliothèques, sans oublier les noms des rues et les enseignes de magasins. Quand on déplace un rocher, on s’assure qu’il n’abrite pas un elfe. Que nous disent ces récits de l’âme du pays?
Terry Gunnell, professeur émérite en folklore norrois, dissimule mal son amusement devant les journalistes des quatre coins du monde qui, régulièrement, l’interrogent sur cette idée que les Islandais croient aux elfes et aux trolls. «Tout le monde est très curieux de savoir si c’est vrai que les Islandais y croient. Mais moi, je demande en retour: pourquoi est-ce si important pour vous de le savoir? Qu’est-ce que ça dit sur votre part d’enfance qui s’est perdue?»
C’est au Musée national de Reykjavik que j’ai rencontré ce sexagénaire jovial, dont la diction théâtrale et le savoir sans fonds ne sont pas sans évoquer les scaldes, ces bardes scandinaves. Et ce, afin de résoudre une énigme: pas tant la croyance aux elfes, même si c’est intriguant, que la place qu’occupent les sagas dans la vie et dans la tête des Islandais. La rencontre me laisse rêveuse et légèrement éberluée.
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