Ce dimanche 3 novembre, les Moldaves élisent leur chef d'Etat. Comme la Géorgie la semaine passée, cette élection oppose une candidate pro-européenne à un influent oligarque, qui emploie son immense fortune pour manipuler le suffrage en faveur de la Russie.
La Géorgie et la Moldavie ont de nombreux points communs. Anciennes républiques soviétiques, les deux pays sont dirigés par des femmes qui souhaitent mettre leur population sur la voie européenne. Mais toutes les deux font face à une importante pression de Moscou, matérialisée par le soutien à des régions séparatistes pro-russes et des oligarques usant de leur fortune et de leur pouvoir pour influencer les élections.
Une semaine après la victoire émaillée d’incidents en Géorgie du parti pro-russe Rêve géorgien aux législatives, face à la présidente Salomé Zourabichvili, c’est à la Moldavie d’élire son dirigeant lors du second tour de la présidentielle, dimanche 3 novembre. A la tête du pays depuis 2020, la présidente pro-européenne Maia Sandu affronte le candidat socialiste Alexandr Stoianoglo, proche du Kremlin. Ce dernier est soutenu par l’oligarque Ilan Shor qui, selon les autorités moldaves, a dépensé 36 millions d’euros en septembre et en octobre afin de peser sur le vote, par le biais d’achat de voix et de campagnes de désinformation.
Ce n’est pas la première fois que cet oligarque, homme-lige de Moscou, cherche à tordre le bras des 2,7 millions d’électeurs moldaves. Il y a un mois, lors du référendum d’adhésion à l’UE, les autorités ont estimé qu’Ilan Shor a acheté entre 130’000 et 300’000 votes. Le «oui» l’a tout de même emporté de justesse à 50,3%. «[Nos opposants] se sont battus avec les méthodes les plus sales pour mener le pays vers une zone d’incertitude et d’instabilité. Leur but était de saper les élections démocratiques, d’instiller la peur et la panique», a lancé Maia Sandu au soir du vote.
La crainte est qu’aujourd’hui, les tentatives de manipulation des élections fonctionnent. Comme en Géorgie où la contestation ne faiblit pas dans les rues de la capitale Tbilissi. Plusieurs partis d’opposition géorgiens affirment avoir «des preuves sérieuses de fraudes [électorales] à grande échelle». Ce qui n’a pas empêché la commission électorale de confirmer, jeudi 31 octobre, la victoire du parti du milliardaire Bidzina Ivanichvili, soutien du président russe Vladimir Poutine.
Pourquoi c’est important? Si le parti d’Alexandr Stoianoglo l’emporte ce dimanche soir, la Moldavie risque de tomber à son tour dans l’escarcelle du Kremlin, confirmant l’efficacité des méthodes d’ingérences russes. Cela aurait pour effet de fragiliser le soutien du pays à l’Ukraine dont il est voisin. Depuis le début du conflit, la Moldavie a accueilli plus de réfugiés ukrainiens par rapport à sa population que tout autre Etat d’Europe. Près d’un million y ont transité et 100’000 s’y sont installés.
Voir plus