Les résultats des législatives géorgiennes, plaçant le parti Rêve du milliardaire pro-russe Bidzina Ivanishvili en tête, ont été émaillés d'incidents. Bourrages d'urnes, bagarres, la contestation entre pro-Moscou et pro-UE n'a jamais été aussi forte dans ce pays de quatre millions d'habitants.

En Géorgie, le parti pro-russe Rêve a remporté les élections législatives, dimanche 27 octobre, avec 54,08% des voix, contre 37,58% pour la coalition de partis pro-européens, qui dénonce des irrégularités dans la tenue du scrutin. En consolidant son parti au pouvoir, le milliardaire Bidzina Ivanishvili, soutien du président russe Vladimir Poutine, rapproche encore plus ce pays du Caucase, ex-république soviétique, de l’orbite de Moscou.

Samedi soir, à la fermeture des bureaux de vote, le flou régnait encore dans la capitale Tbilissi, avec plusieurs partis revendiquant la victoire. «Rêve géorgien a perdu, le peuple géorgien et l’Europe ont gagné», a déclaré Tina Bokuchava, cheffe du Mouvement national uni (MNU), l’une des quatre formations de la coalition pro-européenne. Sur la plateforme X (ex-Twitter), la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili a annoncé à son tour que «la Géorgie européenne gagne avec 52% des voix, malgré les tentatives de truquer les élections […] Je suis fière et confiante en notre avenir européen!».

La douche froide est survenue dimanche matin, après l’annonce définitive communiquée par le président de la commission électorale centrale Giorgi Kalandarishvili, donnant la victoire au Rêve géorgien. Un résultat qui défie jusqu’aux récents sondages de sortie des urnes qui donnaient une large avance à la coalition pro-européenne. La surprise est d’autant plus forte que le pays est traversé depuis mai par de vastes manifestations favorables à une entrée de la Géorgie dans l’Union européenne. Les manifestants dénoncent l’adoption d’une loi contre «l’influence étrangère» calquée sur la juridiction russe visant les «agents de l’étranger».

Pourquoi c’est important? Si la Géorgie est un pays de moins de quatre millions d’habitants, l’impact géopolitique de ces élections ne manquera pas de faire des vagues bien au-delà de ses frontières. Le bras-de-fer entre Poutine et les chefs d’Etats occidentaux vient à nouveau de plier en sa faveur, permettant à la sphère d’influence russe de s’étendre et de se renforcer en Europe de l’Est.

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