On l’oublie parfois en Europe, la guerre en Ukraine débute vraiment avec l’annexion par Moscou de la Crimée en février-mars 2014. Beaucoup d’Ukrainiens de la diaspora se mobilisent pour aider leur pays pris par surprise. Avec d’autres, Wassyl Slipak crée une puissante organisation civile pour recueillir les dons et envoyer du matériel au pays. La métamorphose du chanteur débute.

Décembre 2014, Paris, le cours du sapin de Noël s’est envolé. La cathédrale Notre-Dame n’a pas les moyens de s’en offrir un cette année. Un monseigneur le fait savoir dans certaines ambassades... Magnanime, la Russie offre alors un immense épicéa de 25 mètres, acheminement compris, au nom de l’amitié franco-russe. Voilà, l’arbre trône au cœur de la capitale française.

Quand elles apprennent cela, Yuliya Yefremova et Alla Lazareva cherchent comment réagir à ce qu’elles considèrent comme un affront. Que l’envahisseur de leur pays soit le donateur du plus grand sapin de Noël parisien est insupportable. La Russie a annexé la Crimée en février de la même année et la guerre du Donbass a commencé dans la foulée, en avril. Pour protester, les deux amies ukrainiennes décident d’aller faire une décoration de Noël à leur façon: elles vont accrocher au fameux sapin des petits rubans bleu et jaune où sont inscrits le nom de combattants tués dans ce conflit dont on parle alors si peu.

Les deux femmes sont journalistes de métier, elles ont quitté l’Ukraine il y a plusieurs années. Alla est rédactrice en cheffe adjointe du magazine The Ukrainian Week et Yuliya s’est reconvertie dans l’export de vêtements français vers les pays d’Europe orientale. Toutes les deux étaient à Kyiv sur la place du Maïdan, pour participer à la révolution qui a commencé en novembre 2013. Le président d’alors, Viktor Ianoukovitch, avait préféré signer un accord d’association avec la Russie plutôt qu’avec l’Union européenne. Des étudiants ont protesté, la révolte a été réprimée et une révolution citoyenne a commencé dans la capitale.

Pendant trois mois, des dizaines de milliers d’Ukrainiens s’opposent à leur gouvernement pro-russe et à la corruption qui gangrène le pays, ils crient leur viscérale envie de se rapprocher de l’Europe de l’Ouest et de s’émanciper de l’oppressant voisin, à la suite de la Révolution orange qui a eu lieu 10 ans plus tôt. Alla et Yuliya suivent avec ferveur ce mouvement.

Dans les rues de Paris

Comme elles, dès la fin du mois de novembre 2013, partout dans le monde, la diaspora ukrainienne vibre à l’unisson de ce qui sera appelé la révolution de la Dignité. A Paris, les deux Ukrainiennes sont de tous les rassemblements aux métros Saint-Michel ou Trocadéro. Souvent deux ou trois cents personnes seulement, tant pis. C’est dans un de ces meetings parisiens qu’elles voient Wassyl pour la première fois. Il ne passe pas inaperçu. Il n'a pas encore sa mèche de cosaque et ses vêtements militaires, mais il arpente le devant des menus cortèges avec son haut-parleur. Vite, il devient une voix du petit Maïdan français.

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