Dans le milieu français du chant lyrique, Wassyl Slipak était un ovni. Il avait la voix qu’il fallait, la prestance aussi, mais ni les codes sociaux, ni la bonne attitude, dans un secteur où courtiser les amitiés utiles est indispensable. C’est aussi le cas d’un de ses amis proches, le ténor franco-italien Bruno Robba, issu d’un milieu artisan et qui y est retourné. Il en parle sans concession.

Wassyl a eu plusieurs frères de cœur dans sa vie, des brat, des fratello comme il disait en ukrainien ou en italien. Peut-être s’agit-il de réminiscences de son enfance avec son frère de sang, Orest, et de leurs aventures dans les marais près de chez eux en Ukraine. Ou du prolongement de ces liens tissés dans le chœur de garçons où il a grandi à Lviv. Jusqu’au bout, la fraternité sera un fil rouge dans la vie de Wassyl.

De ces frères choisis, Bruno Robba fait assurément partie. Je ne l’ai jamais rencontré en chair et en os. On s’est appelé, on s’est écrit. Il était très malade, faisait des allers-retours entre l’hôpital et chez lui. On m’avait souvent parlé de lui comme d’un double de Wassyl pendant toute l’époque au celui-ci exerçait comme serveur lyrique au Bel Canto, de 2004 à 2014. Sur son Facebook, Bruno poste encore de temps en temps des «Je pense à toi mon frère» adressés au Wassyl envolé.

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