Avec la fin de la guerre, la reconstruction, la réunification, il semblait acquis pour la plupart des Allemands que l’extrême droite n’aurait plus jamais droit de cité au niveau national. Mais lors des élections fédérales de 2017, c’est la stupéfaction. Alternative pour l’Allemagne (AfD), 4,7% au précédent scrutin, explose la barre des 5% et envoie d’un coup d’un seul 92 députés à Berlin. Un tabou vole en éclats.

«Sie sind da». Ils sont là.

La couverture évoque les affiches de Star Wars, à la dramaturgie outrée et aux enjeux cosmiques. Ce mardi 26 septembre 2017, l’édition spéciale élections du journal der Spiegel s’étale dans tous les kiosques d’Allemagne. L’hebdomadaire le plus lu du pays a opté pour une «une» où domine un bleu glacé, couleur de l’AfD. Angela Merkel baisse la tête, tandis qu’Alexander Gauland et Alice Weidel posent en conquérants impériaux. A l’étranger, les manchettes affichent le même air inquiet.

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La désormais célèbre \"une\" du Spiegel au lendemain des élections fédérales allemandes de 2017, le 26 septembre 2017. | Site web du Spiegel

Les deux caciques de l’AfD, qui étaient encore il y a peu les deux têtes de liste d’un parti relativement marginal, ont de bonnes raisons de pavaner: ils s’apprêtent à prendre la présidence d’un nouveau groupe parlementaire. L’AfD vient d’entrer au Parlement fédéral avec le score hallucinant – à l’époque – de 12,6%, presque trois fois plus qu’aux précédentes élections fédérales. C’est la première fois depuis 1945 que l’extrême droite met les pieds au Bundestag. Une digue s’est effondrée, et avec quel fracas.

Pour comprendre ce qui se joue à l’époque, Heidi.news a sollicité bon nombre des 94 nouveaux députés élus sous bannière AfD à cette occasion. Waldemar Herdt est le seul à avoir répondu par la positive. Cet ingénieur agronome a été élu en Basse-Saxe, le grand Land du nord-ouest de l’Allemagne, où son parti a recueilli 9,1% des voix. D’origine allemande par sa famille, il a grandi au Kazakhstan à l’époque de l’Union soviétique et garde aujourd’hui encore des liens très étroits avec la Russie.

La peur d’un certain étranger

Connu pour sa foi évangélique et son combat pour des valeurs chrétiennes conservatrices, qui passe entre autres par une volonté de restreindre les droits des minorités sexuelles, Waldemar Herdt raconte comment la «perte de souveraineté et de sécurité de l'Allemagne» l'ont poussé à s'engager en politique.

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