Mounjaro, c’est le médicament d’Eli Lilly, et le principal concurrent du fameux Ozempic de Novo Nordisk. Tous deux sont des antidiabétiques, le genre qui a fait couler beaucoup d’encre dans les revues médicales et qui fait maintenant couler les dollars. Ces médicaments, les analogues de GLP-1, sont en train de tout emporter sur leur passage. Pour la première fois, la minceur est accessible sur ordonnance. Et voici le programme de notre enquête sur le sujet.

C’est l’histoire d’une classe de molécules dont la demande est telle que même les contrebandiers n’en ont plus. Je m’en suis assuré en contactant la gérante d’un site web interlope du canton de Fribourg, qui propose des opérations de chirurgie esthétique en Tunisie et du Mounjaro au noir, ce médicament normalement réservé aux diabétiques et utilisé pour maigrir.

Sur Whatsapp, ma vendeuse en ligne fribourgeoise pose avec un éventail de stylo auto-injecteurs 2,5 mg. Mais lorsque je demande à m’en procurer, la sentence tombe: «Je suis en rupture de stock».

Mounjaro, c’est le médicament d’Eli Lilly, et le principal concurrent du fameux Ozempic de Novo Nordisk. Tous deux sont des antidiabétiques révolutionnaires, le genre qui a fait couler beaucoup d’encre dans les revues médicales et qui fait maintenant couler les dollars. Car ces médicaments – les analogues de GLP-1, de leur nom savant – ont une particularité: non contents de traiter le diabète de type 2, celui qu’on acquiert à force de malbouffe, ils sont aussi efficaces contre l’obésité. ![613325965_highres.jpg](https://heidi-17455.kxcdn.com/photos/aeedc4b6-9bed-4c7e-af64-3c9c8c376770/large "Le Wegovy fait perdre en moyenne 15% de son poids/Novo Nordisk") Tout le monde en veut, après que des stars de Hollywood et l’incontournable Elon Musk, suivis par une armée d’influenceurs sur Instagram ou Tik Tok, en aient vanté les mérites pour perdre quelques kilos. La pénurie est aujourd’hui la première caractéristique de l’économie de ces médicaments. Le Wegovy (déclinaison d’Ozempic pour l’obésité) n’est vendu que dans dix pays, et le Zepbound (déclinaison du Mounjaro) encore moins. Et ce n’est pas faute de demande… ### Peu d’élus Cette situation fait monter dans les tours la Dre Lucie Favre, responsable de la consultation d’obésité et d’endocrinologie du CHUV. *«Depuis l’été 2023, on a des pénuries de manière chronique d’Ozempic et de Saxenda (la première génération de ces molécules, ndlr.). Le problème, c’est que tout médecin peut prescrire ces médicaments, même s’ils ne sont remboursés en Suisse que quand c’est un spécialiste qui fait l’ordonnance et assure un strict suivi. Énormément de gens qui prennent ces traitements n’ont pas nécessairement l’indication, mais ils ont l’argent pour se le payer. Ca se fait au détriment des véritables patients diabétiques ou obèses, qui n’en trouvent plus et qui en plus, dans le dernier cas, sont souvent issus de classes sociales moins favorisées.»* C’est ce qui est arrivé à Elsa Ruffieux, une jeune assistante médico-sociale valaisanne de 33 ans souffrant d’obésité, membre du comité de l’association de patients Eurobesitas. Grâce aux injections quotidiennes de Saxenda prescrites par son médecin, elle a perdu 14 kilos en un an et demi. Elle m’a raconté son angoisse de ne plus trouver de stylos en pharmacie. Et sa frustration en découvrant qu’une amie proche pouvait s’en procurer, à condition de le payer de sa poche… En tant que médecin, Lucie Favre est régulièrement sollicitée par des gens qui veulent juste perdre quelques kilos. Comme ce chef d’entreprise qui a fait le siège de son cabinet pendant six mois pour obtenir une nouvelle ordonnance d’Ozempic après en avoir eu une première au Brésil. A l’instar de la Dre Dominique Durrer, spécialiste de l’obésité à Vevey, Lucie Favre parle de patients qui doivent suspendre leurs traitements ou qui se voient proposer des prix deux à trois fois supérieurs au prix public. *«Avec la Société suisse d’endocrinologie, nous sommes intervenus auprès de l’OFSP pour leur demander de mieux encadrer les prescriptions. Mais ils ne veulent pas intervenir sur le libre marché et nous nous demandons parfois si nous n’allons pas devoir trier parmi nos patients»*, ajoute Lucie Favre. ### Du cul-de-sac au marché des superlatifs Il faut dire que les fabricants n’avaient pas prévu pareille demande, et encore moins de voir une partie du stock s’écouler sous le manteau, ou via WhatsApp dans la campagne fribourgeoise.  Avant de cesser toute communication (puis de changer sa photo de profil) devant mes questions insistantes, ma vendeuse de Mounjaro au noir affirmait: *«Tous les gens que je connais qui en prennent ont perdu entre 4 et 16 kilos en un mois.»* C’est certainement exagéré. D’après les études cliniques, le Wegovy de Novo Nordisk réduit le poids de 15% en un an en moyenne, et le Zepbound d’Eli Lilly de 22,5%. *«Cela ne marche pas pour tout le monde»*, précise Lucie Favre. *«Mais outre que c’est une alternative à la chirurgie bariatrique* (réduction de l’estomac, ndlr.) *cela reste spectaculaire. Jusque-là, faire de l’exercice et manger mieux permettait une perte de poids de 5% à 10 % dans les meilleurs cas.»* C’est donc du jamais-vu pour des coupe-faim. Et du jamais-vu pour la pharma qui, comme nous le verrons, a longtemps considéré ce marché comme un cul-de-sac, avant d’y voir une mine d’or. ### Les nouveaux blockbusters Tout est superlatif dans cette nouvelle économie de la minceur. *«Il y a dix ans, on prédisait la fin des blockbusters»*, me rappelle Grégoire Biollaz, gérant de fonds pour la banque Pictet, évoquant ces médicaments qui rapportent plus d’un milliard de dollars par an. Le laboratoire pharmaceutique danois Novo Nordisk (55% du marché) a vendu pour 17 milliards de dollars de ses deux blockbusters l’an dernier! Sa capitalisation boursière dépasse les 600 milliards de dollars. C’est 200 de plus que le groupe de luxe LVMH, seconde valorisation boursière en Europe, et aussi 200 milliards de plus que le PIB du Danemark! ![Capture d’écran 2024-05-29 à 09.09.06.png](https://heidi-17455.kxcdn.com/photos/dcde6f74-5d2b-4c37-86be-b9e717a92f33/large "En bourse les deux géants de la minceur valent autant que Big pharma./Pictet") Nous nous rendrons d’ailleurs au Danemark (épisode 7), pour voir ce qu’une pareille pluie de milliards fait dans un pays qui, sans son unique fleuron pharmaceutique, aurait été en récession l’an dernier. Nous voyagerons aussi aux Etats-Unis, où Eli Lilly est devenue l’entreprise pharmaceutique la plus valorisée du monde (et la dixième tout secteur confondu à 760 milliards). La valeur combinée de Novo et de Lilly dépasse même celle agrégée de leurs concurrents directs dans la pharma: Johnson & Johnson, Merck, AstraZeneca, Novartis et Roche. ### Ca se bouscule au portillon Parce que c’est loin d’être fini. De nouveaux traitements de la même classe promettent des pertes de poids encore plus tranchées, comme le retatrutide d’Eli Lilly (25% du poids en un an). Les prévisions oscillent entre 80 milliards de dollars (d’après le consultant spécialisé Airfinity) et 100 milliards (JP Morgan) de ventes annuelles mondiales d’ici à 2030 pour cette classe de médicaments. Irréaliste? Pas forcément, dès lors que l’on sait qu’en 2016 les ventes de coupe-faim aux Etats-Unis atteignaient 25 milliards de dollars. Pour des produits qui, contrairement à Wegovy et Zepbound, n’avait pas la moindre preuve médicale d’efficacité. Pour arranger les choses, ces molécules sont en train de faire la preuve de leur utilité clinique pour d’autres maladies que le diabète et l’obésité. C’est déjà avéré pour les maladies cardiovasculaires et l’insuffisance rénale. Novo Nordisk parie que ce sera le cas pour Alzheimer. Des recherches récentes suggèrent que cela pourrait être le cas pour d’autres [maladies chroniques](https://www.cell.com/cell-metabolism/abstract/S1550-4131(23)00420-5) et même les addictions à l’alcool ou aux drogues. On se penchera avec prudence sur tout cela dans notre dernier épisode. Quoi qu’il en soit, dans l’industrie pharmaceutique, on commence à parler de molécule miracle. Les analogues du GLP-1, c’est-à-dire l’ensemble des médicaments qui émulent le rôle de l’hormone de satiété GLP-1, sont une nouvelle poule aux œufs d’or, comme les statines, les benzodiazépines ou l’insuline hier. ### De l’or en barre Car le miracle est d’abord économique. Produire un gramme de GLP-1 coûte à ses fabricants de l’ordre de 300 dollars, selon diverses estimations que nous avons recoupées. Je vous passe les calculs, mais on peut estimer qu’un traitement d’un mois (à raison de 4 doses de 10 mg), en ajoutant à la louche les coûts de transport, de marketing, de packaging, coûte moins de 50 francs au laboratoire. Il est pourtant facturé entre 250 francs, prix public remboursé en Suisse, et 1000 francs, quand il est prescrit pour maigrir — et plus encore aux Etats-Unis. De l’or en barre. Avec des marges pareilles, pas étonnant que start-up et grands groupes pharma comme Amgen, Pfizer ou Boehringer Ingelheim se ruent vers cet eldorado. Selon le consultant Airfinity, 232 médicaments contre l'obésité font l’objet d’essais cliniques actuellement. La plupart y associent d’autres principes actifs et tentent de se distinguer en réduisant la fréquence des injections, voire en planchant sur des versions orales. Et quand ils n’ont pas un analogue de GLP-1 dans leur pipeline, les grands groupes n’hésitent pas à sortir le carnet de chèques pour rattraper leur retard. Roche vient d’acquérir la start-up Carmot, pour près de trois milliards. Alors même que le groupe suisse avait acquis en 2011 une autre start-up tout aussi prometteuse pour dix fois moins cher, Marcadia, avant de juger bon de s’en séparer quatre ans plus tard. Six mois plus tard, elle a rejoint Novo Nordisk avec armes et bagages… ### De la niche à la compétition C’est qu’avant d’être une mine d’or et l’objet de grandes manœuvres financières, GLP-1 est longtemps resté une niche. Cette hormone produite naturellement dans l’intestin n’intéressait qu’une poignée de scientifiques, et fort peu d’industriels. GLP-1 n’est pas une «petite molécule», facile à produire en masse par des procédés chimiques, mais un peptide, c’est-à-dire une portion de protéine, dont la production s’est longtemps heurtée à des problèmes de volume et de purification. Avant GLP-1, beaucoup de ces peptides se sont révélés des pétards mouillés. Ensuite, GLP-1 est fondamentalement un produit concurrent de l’insuline, produite par génie génétique depuis le début des années 1980. Pourquoi chercher à concurrencer une telle vache à lait, notamment pour Eli Lilly et Novo Nordisk qui en sont les deux plus gros producteurs? Nous verrons comment ces deux entreprises ont évité de justesse de devenir les Kodak de la pharma en embrassant non sans mal cette innovation. ![original.jpeg](https://heidi-17455.kxcdn.com/photos/6c69f0b5-009f-4dad-8c08-5b7787ac3722/large "Le siège de Novo Nordisk à Copenhague./Novo Nordisk") Enfin, parce que comme vous le découvrirez dans nos premiers épisodes, de sa découverte au début des années 1980 au premier médicament conçu à partir d’elle en 2009, GLP-1 a demandé de longues recherches. Il a d’ailleurs fallu le coup de pouce méconnu d’un biologiste suisse: Bernard Thorens (épisode 4). Dans cette histoire, on trouve aussi quelques animaux monstrueux et un laboratoire aux airs d’abattoir, où l’on collectionnait les tripes de cochon… Bien sûr, maintenant que la revue *Science* a hissé les analogues de GLP-1 [au rang de percée de l’année 2023](https://www.science.org/content/article/breakthrough-of-the-year-2023), que l’American Heart Association évoque un [point de bascule](https://education.heart.org/productdetails/glp-1-ras-game-changers) et que l’on parle même d’un prochain prix Nobel de médecine, la bataille en reconnaissance entre scientifiques est aussi rude que la concurrence est féroce entre groupes pharmaceutiques. ### Une molécule pour la vie? Pourtant, les analogues de GLP-1 ont aussi des revers. Les effets secondaires (surtout des nausées en début de traitement) semblent très surmontables, surtout si, comme le souligne la Dre Lucie Favre, *«on ne continue pas à manger comme avant»*. En revanche, la sortie du traitement reste problématique. Forte de son expérience, Elsa Ruffieux insiste *«sur la nécessité d’un support médical pour installer durablement un changement de style de vie et de régime alimentaire. Sinon on reprend tous les kilos perdus.»* Avec, en prime, une perte de masse osseuse et musculaire. La pharma peut bien sûr rêver qu’il faille s’injecter des analogues de GLP-1 chaque semaine jusqu’à la fin de ses jours, comme c’est le cas pour l’insuline. Elle peut aussi espérer étendre les applications à d’autres maladies et ainsi prolonger ses brevets. Mais les assurances santé ne l’entendent pas forcément de cette oreille. En Suisse, qui est avec le Royaume-Uni et l’Islande un des seuls pays où Wegovy et son ancêtre Saxenda sont remboursés contre l’obésité, la couverture par l’assurance maladie est limitée à trois ans, avec beaucoup de conditions. ### Un si grand marché Reste que même si on limite le marché au diabète de type 2 et à l’obésité, il n’est encore qu’à peine entamé. Il y a un milliard de personnes obèses dans le monde selon l’OMS et près de 500 millions de diabétiques de type 2. Pour l’heure, les Etats-Unis captent la moitié de la production mondiale de ces médicaments, le reste allant surtout aux pays d’Europe. Andrew Young, l’un des scientifiques pionniers de cette aventure (épisode 5) m’explique que *«rien qu’aux Etats-Unis, 140 millions de personnes sont éligibles à ces traitements»*. Et que *«même si Eli Lilly et Novo Nordisk dirigeaient la totalité de leur capacité de production vers ce seul pays, elle couvrirait en l’état à peine 10% de la demande \[américaine\]»*. Bien sûr, les fabricants investissent des milliards pour satisfaire une demande dont ils n’avaient pas prévu l’explosion. Dans les deux entreprises pionnières et leaders de la production de peptides, les suisses Bachem et Polyptide, c’est aussi l’effervescence, avec une augmentation des capacités de production sans précédent (épisode 9). Tout l’appareil productif se met en branle comme jamais. ![Capture d’écran 2024-05-29 à 09.16.48.png](https://heidi-17455.kxcdn.com/photos/704599e9-4875-40a1-8e5e-055ddaf61a3e/large "L'usine d'Eli Lilly qui produit le Mounjaro est en pleine expansion./Eli Lilly") Mais comme souvent avec la croissance, la facture environnementale passe à l’as. Non seulement les stylos auto-injectables sont en plastique, à usage unique, et difficilement recyclables, mais cette production nécessite qui plus est un solvant chimique. Il s’appelle le N.N-dimethylformamide (ou DMF). Et si ce nom sonne toxique, c’est peut-être parce que ça [l’est](https://echa.europa.eu/de/brief-profile/-/briefprofile/100.000.617). Selon Jonatan Kleimark chimiste chez ChemSec, une ONG suédoise qui milite pour le remplacement des produits chimiques toxiques, jusqu’à 100’000 tonnes de ce DMF sont produites chaque année. Mais il n’y en a pas assez et c’est une des raisons cachées de la pénurie d’Ozempic et autres Mounjaro. On peut se demander à combien la production de ce DMF se montera s’il faut aussi un jour aussi satisfaire la demande des gens qui veulent juste perdre quelques kilos? ### Faits pour grossir Parce qu’il ne faut pas s’y tromper. Même si ces médicaments ont des effets secondaires plus ou moins documentés, comme le [«visage Ozempic»](https://www.nytimes.com/2023/01/24/style/ozempic-weight-loss-drugs-aging.html) sur lequel alertent des chirurgiens esthétiques, le filon est là pour durer. Même ceux qui subissent de plein fouet le choc GLP-1 dans leurs business trouvent déjà des moyens d’en profiter. C’est le cas des chirurgiens esthétiques avec des produits de comblement comme l’explique [cet article de ](https://www.vanityfair.fr/article/le-visage-ozempic-quand-une-technique-de-regime-controversee-provoque-des-ravages-sur-le-visage)*[Vanity Fair](https://www.vanityfair.fr/article/le-visage-ozempic-quand-une-technique-de-regime-controversee-provoque-des-ravages-sur-le-visage)*. C’est aussi celui des entreprises qui sont à l’autre bout de l’équation: les géants de l’agro-alimentaire. Fondamentalement, le corps humain a évolué pour absorber et stocker de l’énergie sous forme de graisse. Des dizaines de milliers d’années à alterner festins de chasse et longues disettes en courant après le gibier ont programmé notre corps pour stocker de l’énergie, disponible en urgence dans le foie ou à long terme dans les tissus adipeux. Mais notre métabolisme n’a pas évolué à la vitesse de nos changements alimentaires. Andrew Young me racontait qu’avant d’entrer dans l’aventure GLP-1, il avait passé trois ans à étudier les problèmes médicaux de la tribu des Pima en Arizona: *«5000 individus, tous avec un diabète de type 2»*. Une condition qu’il attribue au passage d’un régime intermittent, aux calories parfois rares, à un accès permanent au McDonald’s et autres Coca-Cola. ### Inquiétudes chez Walmart Logiquement, les vendeurs de régimes minceur s’inquiètent. Comme Weight Watchers, qui a perdu 80% de sa valeur depuis que la célébrité américaine Oprah Whitney [a démissionné de son conseil d’administration](https://www.latimes.com/entertainment-arts/tv/story/2024-03-15/oprah-weightwatchers-ozempic-weight-loss-drugs#:~:text=Oprah%20Winfrey%20has%20revealed%20why,on%20%E2%80%9CJimmy%20Kimmel%20Live!%E2%80%9D) pour faire la promotion des analogues de GLP-1. D’autres effets sont plus étonnants. Le patron du géant américain de la grande distribution Walmart [indiquait](https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-10-04/walmart-says-ozempic-weight-loss-drugs-causing-slight-pullback-by-shoppers) en octobre 2023 qu’il constate déjà une diminution des ventes de certains aliments chez les personnes consommant ces médicaments, qui possèdent un effet coupe-faim. Dans la foulée, les fabricants de snacks comme Oreo ou de sodas comme Pepsico dévissaient en bourse. Le numéro un mondial de l’agro-alimentaire, Nestlé a quant à lui pris les devants, en annonçant pour la fin de l’année [une nouvelle gamme](https://www.letemps.ch/economie/ozempic-wegovy-mounjaro-nestle-adapte-ses-produits-a-un-monde-qui-grignote-de-moins-en-moins) d’aliments «compagnons» pour les gens qui prennent du GLP-1. Un projet qui fait bondir Lucie Favre (CHUV): *«On va continuer à vivre dans ce monde obésogène, continuer à exposer les plus vulnérables que sont les enfants à des calories en nombre illimité et se faire une injection de GLP-1 le matin pour résister à la dernière pub pour les chips Zweifel?»* Appât du gain et pression de la beauté instagrammée, stratégies d’entreprises et inégalités sociales, coups de génie et querelles en paternité scientifique, trafics en ligne et fin des addictions, bénéfices médicaux et effets secondaires, dégâts environnementaux et croissance exponentielle, évolution d’*Homo sapiens* et monstres… L’histoire pleine de rebondissements des analogues de GLP-1 tend un miroir renversant à notre civilisation technoscientifique. Bonne lecture.