Les barricades sont toujours dressées sur l'archipel du Pacifique Sud face à la volonté de Paris de faire passer une réforme constitutionnelle endiguant l'indépendance du territoire. Un débat qui, s'il semble périphérique, révèle la recomposition des espaces géopolitiques en cours.

Les tensions restent vives et les émeutes continuent de secouer la Nouvelle-Calédonie, deux semaines après le début de la crise qui frappe cet archipel du Pacifique Sud.

Ce week-end, après la mort d’une septième personne dans les échauffourées entre les indépendantistes et les gendarmes, les premières évacuations de Français non résidents ont eu lieu en direction de l’Australie. Mais pour les résidents, peu de chance de quitter les îles. Ce dimanche matin, l’exploitant de l’aéroport de la capitale, Nouméa, a signalé qu’il restera fermé jusqu’au 2 juin. L’état d’urgence et le couvre-feu demeurent l’horizon des prochains jours.

Bâtiments incendiés, magasins pillés et coups de feu sur les barricades… les violences continuent de résonner dans la ville, malgré la visite éclaire de dix-sept heures du président de la République, jeudi 23 mai, pour apaiser les esprits. Emmanuel Macron a appelé au dialogue entre les indépendantistes et les loyalistes. Un pari déjà perdu, malgré la promesse de ne pas faire passer «en force» la réforme du corps électoral, à l’origine des troubles dans l’archipel, avant un mois. Car si tôt revenu à Paris, il a menacé les indépendantistes d’«aller au référendum» si les élus calédoniens échouent à s’accorder entre eux.

Pourquoi c’est important? Si la situation en Nouvelle-Calédonie semble complexe et lointaine, elle est aujourd’hui l’épicentre de ce que l’on pourrrait appeler une «deuxième vague décoloniale». Celle-ci frappe la France dans ses territoires acquis lors de la colonisation, comme dans son pré-carré d’influence. On pense notamment au rejet de Paris en Afrique de l’Ouest et à l’expulsion de ses diplomates et de ses militaires dans les Etats sahéliens, au profit des nouveaux partenaires chinois et russes.

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