Il n'est pas rare que les Explorations de Heidi.news connaissent une seconde vie. Trois sont devenues des films documentaires, trois autres des livres, mais c'est la première fois qu'une BD est créée à partir de nos publications! Les chers lecteurs d'entre vous qui nous suivaient déjà en 2020 s'en souviennent sans doute: l'enquête en trois saisons et 21 épisodes de Claude Baechtold, Alia Bengana et Antoine Harari sur le béton, le sable, Orllati, Holcim et Dark Vador au bord du Léman... Eh bien cette enquête est devenue une bande dessinée.
Au commencement, il y a Alia Bengana, architecte franco-algérienne missionnée pour construire un complexe dans le désert algérien en 2011. Effarée, elle découvre que tout y est construit en béton, même s’il faut importer du sable (au Sahara!) pour le fabriquer et qu’il protège mal de la chaleur. Cette dépendance moderne au béton devient un sujet de passion pour Alia, puis pour son mari Claude Baechtold, photographe et documentariste.
Et comme les bonnes histoires font souvent des petits, ce travail a donné la BD «Béton, enquête en sables mouvants», écrit par Alia Bengana et Claude Baechtold avec le dessinateur bisontin Antoine Maréchal, qui vient de paraître aux éditions Presses de la Cité.
«Béton, enquête en sables mouvants» (éd. Presses de la cité, 2024)
### **Les retours presse**
On s’approche du dithyrambe. Quelques extraits:\
\- *«On se surprend à ne plus regarder de la même façon les immeubles que l’on voit en marchant dans la rue»*, [estime ](https://www.lefigaro.fr/livres/beton-enquete-en-sables-mouvants-de-bengana-de-baechtold-et-marechal-laisse-beton-le-beton-20240418)*[Le Figaro](https://www.lefigaro.fr/livres/beton-enquete-en-sables-mouvants-de-bengana-de-baechtold-et-marechal-laisse-beton-le-beton-20240418)*.\
\- *«De quoi engager la décarbonation du secteur du bâtiment, largement pointé du doigt pour son bilan carbone»*, [écrit ](https://usbeketrica.com/fr/article/architecture-nous-sommes-drogues-au-beton)*[Usbek & Rica](https://usbeketrica.com/fr/article/architecture-nous-sommes-drogues-au-beton)*.\
\- *«Entremêlant la vie réelle du couple et ses deux enquêtes, la BD vaut son pesant d’intérêt, grâce aux dessins très clairs d’Antoine Maréchal, qui sait distiller une foule d’informations dans ses cases bien colorées»*, [écrit David Moginier dans ](https://www.24heures.ch/lenquete-dheidi-news-sur-le-beton-sort-en-bd-201623819427)*[24Heures](https://www.24heures.ch/lenquete-dheidi-news-sur-le-beton-sort-en-bd-201623819427)*.\
\- *«Une révolution pour les ingénieurs»*, selon l’émission [La Terre au carré de France Inter](https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mardi-16-avril-2024-7967916).\
\- *«Ce délicieux roman graphique nous embarque dans le quotidien coloré d’un couple inarrêtable qui réussit à faire passer la pilule rouge des dégâts environnementaux à grandes rasades d’autodérision»*, [estime le média ](https://vert.eco/articles/lenquete-beton-en-bede-sur-un-materiau-pas-tres-ecolo)*[Vert](https://vert.eco/articles/lenquete-beton-en-bede-sur-un-materiau-pas-tres-ecolo)*.\
\- *Last but not least*, le philosophe Gaspard Koenig, auteur de l’excellent *Humus* (Prix Interallié 2023) signe [une belle chronique dans ](https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/laisse-beton-2094800)*[Les Echos](https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/laisse-beton-2094800)*. Il *«faut lire cette fascinante enquête sur le béton»*, écrit-il, pour ce qu’elle dit de *«notre si fragile modernité»*: *«notre monde en béton était censé durer mille ans, mais son obsolescence est programmée.»*
**Et maintenant, en voici quelques bonnes planches.**
### **Un rêve de béton**
Pendant ses études d’architecture à Paris, Le Corbusier, maître à penser incontesté de son école, apparaît pour guider Alia à travers l’histoire fascinante du béton, le matériau qui a façonné le vingtième siècle. Et voici comment on finit par tout construire en béton.
### **A la rédaction de Heidi.news**
Après la publication d’une première saison de 6 épisodes pour *Heidi.news* qui ont mis en lumière les pratiques de l’extraction de sable en Suisse romande, Claude Baechtold reçoit des documents inédits de la part de trois sœurs à Ballens. Ces informations qu’il partage avec la rédaction révèlent une guerre impitoyable entre les groupes Holcim et Orllati pour contrôler le plus grand gisement du canton de Vaud.
### **Une dream team d'enquêteurs**
Contraint de reprendre son enquête, Claude Baechtold s’allie à Antoine Harari, un journaliste d’investigation chevronné, habitué aux affaires les plus périlleuses. Ensemble, ils montent la garde devant le bois de Ballens, site du plus grand gisement de sable du canton de Vaud que les entreprises Holcim et Orllati se disputent âprement.
### **Pendant ce temps, avec les zadistes**
La ZAD de la colline s’est installée sur le Mormont pour empêcher l’extension de la carrière de calcaire de la multinationale suisse Holcim, qui alimente sa cimenterie d’Eclépens. Il s’agit aussi de dénoncer un désastre écologique. En mars 2021, après six mois d’occupation et alors que l’Exploration de *Heidi.news* est en cours, les zadistes sont expulsés par la police *manu militari* et poursuivis en justice.
### **Du béton, partout**
Alia retrouve sa famille à la gare de Lausanne après une rencontre avec le service d’innovation de LafargeHolcim. Elle réalise alors que les «bétons verts» n’ont de vert que le nom. En se promenant dans le quartier, ils remarquent que tous les bâtiments neufs arborent fièrement du béton apparent. En 2021, à Lausanne, construire en béton c’est encore super cool.
# **Des architectes dos au mur (de béton)**
**[Extraits de la conclusion de l’enquête par Alia Bengana, autrice et architecte.](https://www.heidi.news/articles/nous-les-architectes-sommes-dos-au-mur-de-beton/gifts/4ibgUA738UjxD7VqtFjMcVF6y829QfARKo1g9NkP?utm_source=newsletter&utm_medium=email)**
Ne tournons pas autour du pot, il n’y a pas d’autre solution que de consommer beaucoup moins de béton. Il faut arrêter le tout-béton, le surdosage, le surdimensionnement, l’utilisation systématique par simple paresse. Le béton est une matière précieuse, à utiliser avec parcimonie où elle est réellement nécessaire. Il faut que soient généralisés des bétons bas carbone comme le LC3 développé à l’EPFL et que l’entreprise colombienne Argos commercialise déjà depuis 2020. Les majors du béton devraient aussi cesser de nous enfumer avec des solutions à l’impact carbone réduit de seulement 10%.\
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Ou alors peut-être faudrait-il taxer le ciment? «C’est une fausse bonne idée, estime Guillaume Habert, à l’EPFZ. Une taxe carbone par m2 de bâtiment construit serait sûrement plus efficace – elle encouragerait les ingénieurs à moins surdimensionner leur structure, les architectes à utiliser moins de béton, et les fabricants de béton prêt-à-l’emploi à moins doser leur mélange en ciment.» Pour que cela devienne une réalité, les gouvernements pourraient mettre en place des réglementations qui, au lieu de se concentrer principalement sur l’énergie, consacrent une part plus importante aux matériaux utilisés et à leur impact environnemental.
**Énergie versus carbone**\
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Ces dernières décennies, la priorité a été donnée à l’énergie de consommation (chauffage, ventilation, refroidissement, fonctionnement) au détriment des matériaux. Cela veut dire qu’un bâtiment en béton isolé en polystyrène (c’est-à-dire en pétrole) peut très bien décrocher un label “Passivhaus” ou “Minergie”, mais à quoi bon se féliciter de sa consommation très faible si sa construction a été un gouffre énergétique? Pour cela, nos architectures doivent suivre le même régime que notre alimentation: plus de fibres exploitées localement! Du bois, de la paille, du chanvre, de l’herbe, de la paille de riz.
Les mentalités en Europe évoluent aujourd’hui grâce à des bâtiments exemplaires de ce point de vue, qui considèrent l’acte de construire de manière holistique en prenant en compte le cycle de vie des composants, le caractère renouvelable, le stockage du carbone, l’implication humaine des futurs habitants tout autant que l’efficacité énergétique. Ces bâtiments, comme l’immeuble Soubeyran de Genève ou le bâtiment cantonal ECO46 de Lausanne sont encore trop peu nombreux.
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