Son départ marque un tournant majeur dans la présidence Macron, tant la longévité et le pouvoir qu’on a prêtés au secrétaire général de l’Elysée apparaissent hors du commun

Bras droit historique d’Emmanuel Macron, Alexis Kohler va quitter en avril les fonctions de secrétaire général de l’Elysée qu’il occupait depuis l’élection du chef de l’Etat français il y a huit ans, un tournant pour les deux hommes parfois comparés à des frères jumeaux.

Le tout-puissant secrétaire général, inamovible collaborateur d’Emmanuel Macron au point d’être surnommé «vice-président», déjà à ses côtés quand le président français était ministre de l’Économie (2014-2016), a officialisé son départ. Alexis Kohler s’apprête à rejoindre la banque Société générale, selon le site d’information Politico.

Son départ marque un tournant majeur dans la présidence Macron, tant la longévité et le pouvoir qu’on a prêtés à M. Kohler apparaissent hors du commun.

Né à Strasbourg, diplômé des plus grandes écoles françaises, marié et père de trois enfants, il est le seul à avoir accompli tout un mandat présidentiel. Mieux: il a été maintenu en poste après la réélection, puis après la dissolution de l’assemblée nationale en juin 2024. A tel point que depuis l’irruption en politique d’Emmanuel Macron, il est difficile d’imaginer l’un sans l’autre.

Souvent érigé en symbole de la mainmise de la haute fonction publique, celle qui couperait le président des réalités du pays, Alexis Kohler est aussi réputé pour son ardeur à la tâche, son «intelligence et sa capacité d’analyse».

Régulièrement été cité dans la chronique judiciaire

Si sa silhouette n’apparaît publiquement que lors des annonces de remaniement, sur le perron de l’Elysée, son nom a régulièrement été cité dans la chronique judiciaire. Notamment pour l’affaire MSC: il est mis en examen depuis 2022 pour prise illégale d’intérêts, soupçonné d’avoir participé comme haut fonctionnaire de 2009 à 2016 à plusieurs décisions relatives à cet armateur italo-suisse, fondé et dirigé par les cousins de sa mère, la famille Aponte.

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Outre le dossier MSC, Alexis Kohler est visé par une enquête du Parquet national financier pour des soupçons de «trafic d’influence» autour de la fusion Veolia-Suez.

Il a en outre refusé de se rendre début février devant une commission d’enquête parlementaire sur le dérapage budgétaire, invoquant successivement des problèmes d’agenda, puis «le principe de séparation des pouvoirs». La commission a donné le 19 février son feu vert pour engager une procédure pénale contre lui s’il refusait à nouveau d’être auditionné.

Une autre commission d’enquête parlementaire, cette fois sur les pratiques des industriels de l’eau en bouteille, prévoit également de l’entendre, afin de déterminer s’il a cédé à un lobbying de Nestlé.

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