Une semaine après l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, principal rival du président Erdogan, l’opposition tente de faire vivre la mobilisation des derniers jours. Mais le pouvoir peut jouer la montre: les prochaines élections sont prévues dans trois ans

Depuis une semaine, la Turquie bouillonne d’une colère qui ne s’était pas exprimée avec une telle intensité depuis les grands rassemblements du parc Gezi de Taksim, au printemps 2013. L’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, le 19 mars, puis son incarcération le 23 pour des soupçons de «corruption», jette chaque soir dans les rues des dizaines de milliers de personnes. Comme il y a douze ans sur la place Taksim d’Istanbul, leurs chants et leurs slogans s’adressent au président, Recep Tayyip Erdogan, qu’ils accusent de «neutraliser» son principal rival, celui qui semblait en bonne voie pour le détrôner dans les urnes en 2028 au plus tard.

La mairie d’Istanbul, gros bâtiment rectangulaire entouré d’espaces verts, s’est imposée comme l’épicentre de la contestation. Le chef du Parti républicain du peuple (CHP), Özgür Özel, y improvise chaque jour un discours, défiant le pouvoir pour réclamer la libération d’Ekrem Imamoglu, officiellement investi dimanche comme le candidat de son parti à la prochaine présidentielle. Le rassemblement de mardi sera «le dernier» devant la mairie, a-t-il annoncé, ce qui ne signe pas pour autant la fin de la mobilisation. Le parti prévoit de lancer d’autres appels à manifester, «dans d’autres endroits et d’autres manières». Özgür Özel veut y voir le début «d’une grande révolution démocratique».

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