La proposition commune de Washington et Kiev d’une trêve de trente jours a pris de court propagandistes et officiels russes qui ne savent désormais plus sur quel pied danser avec la nouvelle administration américaine. Les va-t-en-guerre dénoncent, eux, une «arnaque»

Que l’on fasse le métier de propagandiste en Russie par conviction ou appât du gain (ou le plus souvent par un mélange des deux), cette fonction exige de celui qui l’exerce une grande agilité d’esprit. Et comporte quelques risques. Ainsi, au soir du 11 mars, la plupart des commentateurs officiels russes sont tombés dans un véritable gouffre de dissonances cognitives après avoir pris connaissance des résultats des négociations entre Ukrainiens et Américains à Djeddah.

Porté aux nues il y a encore quelques heures pour avoir «humilié» Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale le 28 février dernier, Donald Trump semblait ce soir-là adresser un ultimatum en bonne et due forme à la Russie. Acceptez, comme les Ukrainiens viennent de le faire, notre proposition de trêve de trente jours, sinon la guerre se poursuivra et notre aide à Kiev aussi, a dit en substance le président américain dont les émissaires en Arabie saoudite, Michael Waltz et Marco Rubio, ont rencontré une délégation ukrainienne conduite par le chef du cabinet présidentiel Andriy Yermak. La balle est désormais dans le camp de la Russie, ont conclu Ukrainiens et Américains. «Les résultats de la réunion de Djeddah ne sont pas très bons du point de vue des intérêts de la Russie, et il est impossible de le cacher»,reconnaissait timidement au lendemain l’un des éditorialistes de l’agence officielle Ria Novosti, interdite de diffusion sur le sol de l’Union européenne depuis mai 2024 pour son rôle dans la guerre de l’information menée par le Kremlin.

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