Outsider, le conseiller d’Etat zougois a créé la surprise ce mercredi à Berne en devançant l’influent conseiller national Markus Ritter. Vendredi, cet historien et colonel de 61 ans devrait reprendre l’épineux Département de la défense

«Martin Pfister veut devenir conseiller fédéral – Martin qui?» avait titré le Tages-Anzeiger début février, au lendemain de l’annonce de la candidature du Zougois. Totalement inconnu du grand public il y a encore une poignée de semaines, le centriste de 61 ans va entrer au gouvernement, où il succédera à la Valaisanne Viola Amherd. Donné perdant au début de la campagne, le conseiller d’Etat a finalement réussi à rattraper son retard et à devancer l’influent conseiller national saint-gallois Markus Ritter, président de la puissante Union suisse des paysans. Un authentique exploit. «Son adversaire était très fort, Martin Pfister a dû mener une grosse campagne pour se faire connaître», reconnaissait au terme du vote son homonyme et président du Centre suisse, Gerhard Pfister.

Il faut ainsi remonter à 2007 et à une certaine Eveline Widmer-Schlumpf – dans les conditions particulières de l’éviction de Christoph Blocher – pour retrouver l’accession au Conseil fédéral d’une personnalité politique sans aucune expérience fédérale (le socialiste Beat Jans était aussi conseiller d’Etat, à Bâle-Ville, mais avait siégé dix ans au Conseil national). Visiblement, du haut de son mètre 90, Martin Pfister, personnalité discrète à la voix douce, a su convaincre et rassurer la majorité de l’Assemblée fédérale. «Il est calme, mais sait très bien ce qu’il se veut», assure sa collègue au gouvernement zougois, Laura Dittli. La sœur de la conseillère d’Etat vaudoise Valérie Dittli décrit «un bosseur, très fort sur les dossiers». Présente sous la Coupole pour soutenir Martin Pfister, la Centriste savoure le moment. Le Zougois redonne un siège au gouvernement à la Suisse centrale, région qui n’avait plus connu un tel honneur depuis 2003.

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